Début des années 80, un groupe bruxellois au nom improbable était signé sur la Factory. Près de 30 ans plus tard, les Names sortent un nouveau disque.

Il y a pire compagnie. Sur le box Factory sorti récemment, The Names se retrouve entouré par New Order et A Certain Ratio. En fait, on ne sait toujours pas ce qui est le plus étonnant: qu’un catalogue aussi mythique que celui de la Factory compte en son sein un groupe au nom aussi peu plausible ou que celui-ci vienne de Bruxelles. La carrière des Names – Michel Sordinia (1), Marc Deprez et Christophe Den Tandt – aura été fulgurante, quelque trois ans à peine. Elle n’en reste pas moins symbolique du lien unique entre la Factory et le plat pays.

L’histoire démarre au Plan K. L’ancienne raffinerie de sucre transformée en lieu culturel rock est située à Molenbeek, au 21 rue de… Manchester. C’est là que, dès 79, Michel Duval et Annik Honoré commenceront à organiser des concerts. Comme celui de Joy Division par exemple, qui joue là sa première date sur le continent. A l’époque, les Names en profitent pour refiler un premier titre à Rob Gretton, le manager du groupe mancunien. « Il a été charmant, se rappelle Michel Sordinia. Mais quand on l’a vu glisser notre petit vinyle dans un attaché case déjà rempli, on s’est dit que le disque n’allait jamais arriver en entier. Cinq jours après pourtant, on a reçu un coup de fil d’Angleterre. » Deux semaines plus tard, lors d’un concert d’A Certain Ratio au même plan K, le patron Tony Wilson est là pour proposer un contrat. « En fait, une simple poignée de main, et les détails sur les dates d’enregistrement du premier single, le studio,…  » Le groupe embarque donc sur une malle avec leur camionnette. Sans avoir signé quoi que ce soit… Arrivé sur place, force est de constater que l’hôtel a bien été réservé. Une heure plus tard, Martin Hannett arrive pour emmener le groupe au studio Strawberry. Au mur de l’endroit, pendent les disques d’or de Ten CC ( I’m Not In Love). « Créativement, la Factory était le top. Ils ont toujours mis les moyens qu’il fallait. Quitte à se fourrer régulièrement dans des situations difficiles. Blue Monday , par exemple, le premier single à avoir cartonné de manière massive, disposait d’une pochette tellement extravagante que plus ils en vendaient, plus cela leur coûtait! » The Names récoltent eux-mêmes des lauriers auprès de la presse anglaise avec Nightshift. Alors que les premiers exemplaires partent comme des petits pains, Tony Wilson a une idée: « Il a proposé de ne pas represser le disque pour en faire une sorte de collector!? Et nous on a dit: OK, pas de problème. » (rires)

Le bon plan K

Un premier album suivra, Swimming sur Factory Benelux. Mais en 83, le groupe s’efface. « On a toujours reçu des bonnes réactions de la presse, et on pouvait compter sur un public fidèle. Mais qui restait quand même limité. Or, sorti des études, on a bien dû commencer à gagner notre vie. » Hormis un disque sous le nom de Jazz sorti dans les années 90, il faudra attendre plus de 20 ans pour que le groupe se reforme. « L’envie était là depuis un moment. Manquait un incitant extérieur. «  En l’occurrence une soirée Factory organisée en 2007 au… Plan K. Le public répond présent. « A la fin du concert, il était clair qu’on allait continuer. C’était comme revivre ses premières amours. Avec l’avantage qu’avec l’âge, vous savourez beaucoup mieux les choses. » D’autant que l’aura de la Factory n’a jamais terni. Ces dernières années, avec le revival post-punk, elle a même continué d’éveiller les curiosités, voire un vrai culte, notamment auprès des nouvelles générations. Voici donc Monsters Next Door, nouveau et, en fin de compte, deuxième album des Names. L’ambition? « Elle est très égoïste: se faire plaisir. Les choses ne sont plus pareilles, mais sur scène on retrouve une vraie communion avec le public. Alors bien sûr, c’est une bulle. Mais elle existe. Vraiment. »

(1) Mieux connu sous le nom de… Louis Danvers, notre éminent collègue des pages cinéma!

The Names, Monsters Next Door, Str8line Records. En concert gratuit au BIFFF, le 16/04. www.myspace.com/thenamesofficialwebsite.

Factory Records – Communications1978-92, 4 CD Warner.

Texte Laurent Hoebrechts

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content