La Cour des mirages

Après la parenthèse méchamment allumée et drôlement humaine d ‘Un dernier ballon pour la route (2021), qu’on rêve de voir adapté un jour à l’écran par Gustave Kervern et Benoît Delépine, le Breton Dierstein met un terme avec La Cour des mirages à sa trilogie consacrée à la fin de la Sarkozie inaugurée par La sirène qui fume (2018) et suivie de La Défaite des idoles (2020). Ce serait regrettable d’être effrayé par l’épaisseur de la bête -pas loin de 900 pages- tant cet ultime opus de ce thriller de politique fiction addictif et nerveux vous laissera sur le flanc. Épuisé et rincé par ce voyage au bout de l’enfer éprouvant à l’heure où la gauche reprend l’élysée -nous sommes en juin 2012-, tandis que du côté de la droite, c’est la bérézina. Traduction: c’est le début des purges comme à chaque changement de régime au ministère de l’Intérieur. L’auteur n’a pas fait les choses à moitié. Six mois de recherches pour tisser une toile de fond politique authentique et qui fait écho, forcément, à aujourd’hui avec les affaires Guéant ou le possible financement de la campagne de Sarkozy par Kadhafi. L’intrigue, elle, est en béton armé et gravite autour d’une sale affaire de pédocriminalité qui pourrait permettre au flic Pringent de retrouver sa gamine disparue six ans plus tôt. Guerre des polices, trafics d’influences, argent, pouvoir, sexe. Tous les ingrédients d’un panier de crabes bien dégueulasse servi par une écriture survoltée, frénétique, sèche, précise et incantatoire où les mots fusent comme des balles. Touché!

De Benjamin Dierstein, éditions Les Arènes, 864 pages.

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