La Cendre et l’Écume

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Tout commence, dans le nouveau roman graphique de Ludovic Debeurme, par un arbre qui s’avère malade et bientôt mort dans le jardin, par un accident de scooter qui oblige à se poser plus qu’à l’habitude, et puis un certain retour aux sources après son grand œuvre, les trois volumes d’Epiphania. Ludovic Debeurme avait déjà exploré les méandres de l’autobiographie il y a 20 ans et Ludologie. Cette fois, la plongée dans son passé et l’écho de celui-ci dans son présent prennent la forme, souvent superbe, de ce qui semble être une divagation parfois hachée entre réflexions, souvenirs et re-créations, moments passés et présents, rêve et réalité -“Comme s’il fallait que j’inscrive éternellement une trace dans l’espace d’une feuille, avec comme marque du temps, le geste qui va avec… Et que sans cela, je pourrais m’effacer comme des traits inachevés.Ludovic Debeurme promène donc sa plume, sa poésie et son spleen entre la mort de sa mère pianiste, la déchéance de son père peintre, alcoolique et obsédé des courbes, son grand-père paternel survivant des tranchées, son grand-père maternel, architecte et joueur, et aussi sa propre enfance, lorsqu’il se rêvait “marin-pêcheur ou inventeur d’histoires” ou quand son père lui refusa les cours de danse, “réservé aux homosexuels”. Une plongée dans l’intime aux échos universels, sous le symbole des cendres et de l’écume qui, toutes deux, interrogent au plus profond: que restera-t-il de nous? Assurément un peu de lumière selon Ludovic Debeurme et ces 270 pages de réflexion sur le sujet: “La cendre est un excellent apport en nutriment pour la terre et les plantes qui y poussent.”

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de Ludovic Debeurme, éditions Cornélius, 272 pages.

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