2009, année du cinéma en 3D? Les studios américains en ont en tout cas fait un enjeu prioritaire. A l’occasion de la sortie de Monsters vs Aliens, survol des perspectives…

« La 3D décolle », titrait Focus pour son numéro de lancement, en février 2008, à l’occasion de la sortie de Fly Me to the Moon, de Ben Stassen. Un an plus tard, et sans que l’on puisse encore parler de raz-de-marée, la technologie a incontestablement fait du chemin: de Volt à Monsters vs Aliens, la grosse artillerie 3D débarque à intervalles toujours plus réguliers sur nos écrans, et avec une force de frappe accrue – un cinquième des copies d’exploitation de Volt (19 sur 98) étaient ainsi des copies 3D, une proportion que l’on imagine aller croissant à mesure que les salles belges s’équiperont en conséquence.

La reconnaissance cannoise

Signe des temps, aussi: pour la première fois de son histoire, le Festival de Cannes proposera, en ouverture, le 13 mai prochain, un film d’animation, et pas n’importe lequel puisque Up (sortie belge le 7 octobre), de Pete Docter, sera montré en 3D Relief. Une forme de consécration pour une technique longtemps assimilée à un simple gadget. On est loin, en tout état de cause, de la vague de films tri-dimensionnels des années 50, au gentil parfum de série pour les uns, comme le Creature of the Black Lagoon, de Jack Arnold, voire même de nanar pour les autres, comme le Bwana Devil, de Arch Oboler. Et si certaines tentatives avançaient des ambitions artistiques – on vit notamment Robert Mitchum et Linda Darnell goûter au relief dans Second Chance, de Rudolf Maté, ou John Wayne en 3D dans Hondo, un western de John Farrow, tandis que Hitchcock s’y essaya le temps de Dial M for Murder -, aucune pour élever le procédé au-delà du gimmick, d’une réussite et d’un confort d’ailleurs fort relatifs… Il en va tout autrement aujourd’hui: dopée par les possibilités offertes par la technologie digitale, la 3D affiche des contours autrement plus attrayants sans rien perdre de son côté spectaculaire. Un postulat à l’£uvre dès The Polar Express, de Robert Zemeckis, qui ouvrait, en 2004, la voie au relief nouvelle génération, et qui n’a cessé de se vérifier depuis, force améliorations à la clé. La preuve, tout récemment encore, avec Volt, de Byron Howard et Chris Williams, dont les effets ajoutaient à l’efficacité une appréciable définition.

La troisième révolution

La technique désormais éprouvée, la 3D s’est aussi muée en priorité pour les studios américains, qui rivalisent aujourd’hui de projets – en animation, terrain d’expérimentation privilégié jusqu’ici, mais également en prise de vues réelle. Symptomatique, Jeffrey Katzenberg, le directeur du département animation des studios Dreamworks, qui sortent Monsters vs Aliens, n’hésite pas, concernant la 3D, à parler d’une révolution comparable à celles du parlant, ou encore de la couleur, pas moins.

L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit, au-delà d’un développement technologique inédit, d’enrayer l’érosion continue de la fréquentation des salles de cinéma, victimes toutes désignées de l’essor de modes alternatifs d’accès aux films. « La 3D nous offre l’opportunité de rendre vigueur aux salles de cinéma, en y ramenant les spectateurs pour y vivre une expérience unique et spéciale… « , observe Katzenberg, qui considère, à cet égard, 2009 comme un tournant, l’année où le concept va définitivement faire ses preuves. Perspective pour laquelle les studios sont prêts à mettre le prix. Anecdote révélatrice: la production de Monsters vs Aliens a fait distribuer 125 millions de paires de lunettes spéciales à travers les Etats-Unis avant le Super Bowl, afin que les téléspectateurs puissent découvrir la bande-annonce du film en 3D.

Alors, 2009, année de la percée définitive du support 3D? Côté « spectacle total », on ne devrait en tout cas pas s’ennuyer. Avec des titres comme Coraline, My Bloody Valentine,G Force ou Up annoncés dans les prochains mois; d’autres, comme Avatar, de James Cameron ou Alice in Wonderland, de Tim Burton, à horizon à peine plus lointain, sans oublier Ben Stassen, dont on attend le Around the World in 50 days, et tant d’autres encore, la 3D semble plus que jamais prête à crever l’écran… De là à ce que l’on déguste les films sans lunettes spéciales, et littéralement installé au c£ur de l’action, il n’y a peut-être qu’un pas…

voir la critique du film en page 29

Texte Jean-François Pluijgers

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