EMMENÉS PAR JAMES LAVELLE, FONDATEUR D’UNKLE, UNE QUARANTAINE D’ARTISTES PLASTICIENS ET MUSICIENS REVISITENT L’IMAGINAIRE DU MAGISTRAL CINÉASTE AMÉRICAIN À LA SOMERSET HOUSE DE LONDRES. LUMIÈRES, TROUBLES ET CHUCHOTEMENTS.

D’une pièce à l’autre de la Somerset House -vaste édifice néo-classique en bord de Tamise-, la température passe de la fraîcheur affirmée à une moiteur tenace. Amateur d’inconnu comme ressort dramatique, Kubrick aurait apprécié ce flottement du Celsius, qui, au coeur de l’été anglais, rajoute un facteur à l’expo Daydreaming with Stanley Kubrick. L’interprétation libre du travail du réalisateur de 2001: l’odyssée de l’espace et d’Orange mécanique par une quarantaine d’artistes de tous poilsoccupe une vingtaine de chambres du vieux bâtiment londonien où l’atmosphère parfois claustrophobe répond aux fantasmes complexes du maître disparu (1928-1999). Des visions du graphiste attitré du maître, Philip Castle, aux envolées métaphoriques, celle de la folle installation radio de Forsyth et Pollard, on absorbe le parcours via un couloir aux motifs hexagonaux calé sur celui de The Shining. Ambiance d’anticipation excitée pour un public majoritairement jeune, témoignant que le meilleur du cinéma se transmet donc dans l’ADN mondial par des promesses de vortex étourdissant. On visite le songe proposé sans trop savoir ce que réserve la prochaine étape, cherchant dans le puzzle global les parfums connus ayant franchi les générations: après tout, le premier succès notoire de Kubrick, Les Sentiers de la gloire, aura bientôt 60 ans. Il est rare de parcourir l’expod’une pointure planétaire sans avoir le moindre soupçon de ce qui viendra ensuite, même si quelques noms intriguent d’emblée (Anish Kapoor, Thomas Bangalter, Mick Jones de The Clash). En plus des éléments naturels au contexte -sons et images- le spectateur éprouve d’autres sensations, de trouble, d’ambiguïté et d’inceste entre les genres. Un inconfort mental qui fait preuve d’imagination esthétique, par exemple dans cet empilage de feux ouverts électriques (!) signé Stuart Haygarth. On décrypte alors ce no man’s land référentiel les films de Kubrick en tête -Alex et ses « droogs », l’ordi démiurge Hal, la démence de Jack Nicholson-, mais avec la liberté cosmique de l’auteur. Seul regret: la brièveté de l’expo (jusqu’au 24 août seulement), laissant l’espoir qu’elle voyage ensuite dans nos régions. En attendant, voici déjà un petit aperçu en images.

DAYDREAMING WITH STANLEY KUBRICK JUSQU’AU 24 AOÛT À LA SOMERSET HOUSE DE LONDRES, WWW.SOMERSETHOUSE.ORG.UK

TEXTE Philippe Cornet, À Londres

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