Konvalescens ****

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Un pianiste apparemment surdoué, Graham Schalken, passe quelques semaines en Suède au printemps 1906, avec pour point d’orgue un récital à Stockholm au cours duquel il compte jouer “une pièce transcendante de Liszt”, baptisée Bénédiction de Dieu dans la solitude. Une solitude qui semble accompagner cette âme errante depuis la disparition de Liz, sa fiancée, dont trois lettres, écrites sept ans plus tôt, vont rythmer cette élégie romantique tout en retenue, un livre hors norme tenant autant de la partition que de la bande dessinée (très) alternative. La musique, la musicalité du dessin et l’interprétation graphique de la musique sont en effet au centre de ce grand œuvre “écrit et composé” par l’extrêmement rare Christophe Poot, prof à Saint-Luc et cofondateur de La Cinquième Couche (voir le décryptage page 40). Voilà quinze ans (!) qu’il patine ce récit -dont il a petit à petit publié le travail préparatoire sur la plateforme numérique Grandpapier-, qui fait lui-même écho à Graham Schalken l’inconsolé, publié en 2006 et narrant cette fois le séjour du pianiste à Tunis, en 1932. Poot déploie ici un dessin diaphane, elliptique et presque transparent, en permanence sur le fil de son trait, parallèlement à des textes extrêmement aboutis. Le tout fait écho à la quête de Schalken: “Je veux atteindre une essence. La musique comme un fil de soie, comme un ruisseau dans les rochers. Un tracé mélancolique et minéral.” Un tracé dont on peut voir les dessins originaux pour un mois encore aux murs du Théâtre Marni, à Ixelles.

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De Christophe Poot, éditions La Cinquième Couche, 128 pages.

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