Kevin Can F**k Himself

Technicien du câble, fainéant, amateur de burgers et de sport depuis son canapé, Kevin McRoberts (Eric Petersen) collectionne les fausses bonnes idées avec son roublard de paternel, Peter, et son voisin limité, Neil. Le trio de Homer Simpson en puissance a de quoi exaspérer l’épouse de Kevin, Allison, qui passe pour la ménagère banale et ennuyeuse avec ses envies de dîner aux chandelles et de pavillon de banlieue parfumé. Une maison standard américaine, des rires enregistrés, trois quatre caméras fixes. La grammaire de la sitcom de Kevin Can F**k Himself est soudainement réagencée lorsque changent, au détour d’une scène, l’angle de la caméra et le grain de l’image de sorte à nous révéler une tout autre réalité: celle d’Allison, désespérée d’avoir dû abandonner ses aspirations à une vie « normale », elle qui doit à chaque anniversaire de mariage se résigner au tournoi de beer pong de son vulgaire mari. Le retour de son amour de jeunesse en ville conforte son envie de reprendre sa vie en mains et n’a pas d’autre solution que de se débarrasser du lourdaud. Sa voisine qui la toisait jusqu’alors, Patty (excellente Mary Hollis Inboden), offre une porte de sortie qui ouvre sur les coulisses plus sombres d’une société droguée aux antalgiques. Créatrice de la série, Valerie Armstrong trouve en Annie Murphy ( Schitt’s Creek) l’incarnation parfaite de la charge mentale des desperate housewives et brosse le portrait gris d’une Amérique des villes ouvrières et secondaires (ici à Worcester, Massachussetts). Son craquement du vernis de la sitcom familiale ( WandaVision l’avait déjà fait à sa manière superhéroïque) et la dualité dans la réalisation séduisent mais la narration gagnerait en rythme avec des séquences comiques moins archétypales, plus subtiles. Une promesse à tenir pour la seconde et ultime saison à venir.