Jungle

© CHARLIE DI PLACIDO

« For Ever »

En 2014, Jungle avait tout pour intriguer, autant que pour susciter la méfiance. Derrière les clips r’n’b vintage un peu trop lookés (les joggings à bandes, etc.), se profilait une entité volontairement anonyme. Même la voix des tubes Busy Earnin’ et The Heat laissait planer le doute: homme ou femme, qui se planque réellement derrière Jungle? Au fil du temps, l’identité des protagnistes a bien fini par se préciser. Derrière l’exercice de soul-disco, se cachait en réalité un duo de jeunes producteurs anglais, Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland. Sur scène, le projet en chambre a entre-temps muté en un véritable collectif. Cela s’entend notamment sur For Ever, leur deuxième album, plus touffu.

Jungle

Certes, l’effet de surprise a aujourd’hui disparu. À cet égard, le mystère que pouvaient représenter les voix mêlées et androgynes du duo n’en est forcément plus un. Aujourd’hui, la méthode a même tendance à passer parfois pour du maniérisme. Pourtant, For Ever parvient encore ici et là à épater. Par exemple avec le disco tranquille de Beat 54 ( All Good Now) ou le groove hip-hop pastel de Cosurmyne. À sa manière, le single House In LA tire aussi son épingle du jeu, évoquant la mélancolie d’un coucher de soleil sur l’océan Pacifique. Il illustre bien la manière dont l’album se plaît à flotter entre deux humeurs, tristement joyeux, distraitement plombé. C’est d’ailleurs dans ces moments-là qu’il fonctionne le mieux. Conçu entre Los Angeles et Londres, For Ever profite de ces ballottages: entre le soleil californien et le fog britannique, jouant sur les contrastes des sentiments, Jungle a le spleen luxuriant.

Distribué par XL Recordings. En concert le 22/11, au Trix, Anvers.

7

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