Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

PROGRAMMATEUR HISTORIQUE DU SCHAERBEEKOIS THÉÂTRE 140 QUI ACCUEILLIT GAINSBOURG, FERRÉ OU LE FLOYD, JO PRÉSENTE VEENCE HANAO. L’ÉCRITURE, TOUJOURS.

Jo, toujours coiffé aux 220 volts, ne cultive pas les glorioles d’autrefois même si elles l’ont construit: ouvert en 1963 dans une salle paroissiale, le 140 a vécu -pauvres mots- une putain d’aventure culturelle. Inviter Gainsbourg devant un parterre clairsemé en 1964, convier le Pink Floyd de l’après-Barrett vers 1968, mais aussi découvrir les inconnus Ferré, Barbara, Higelin, Pina Bausch, Bedos ou encore Public Image qui, dans le sillage d’un Johnny Lydon/Rotten défoncé au speed en décembre 1978, y donne les 2 tout premiers concerts de son existence. Jo:  » C’est après cela qu’on a arrêté le rock (repris depuis lors, ndlr) parce qu’on a eu des tonnes de plaintes des voisins, les avocats et compagnie. Pour moi, la variété(sic) a toujours été plus facile à programmer que la danse et le théâtre. » Le vrai truc à Mr Dekmine, 81 piges en février, c’est l’écriture et peu importe le support. D’où le jeune Hanao,  » découvert il y a 3 ans aux Entrevues du Botanique, un coup de c£ur. Ses textes ne sont pas pessimistes mais font quand même penser àLa Nausée de Sartre. Veence propose une sorte de promenade mélancolique qui ne joue pas les Américano-Français. J’avais envie de lui donner une carte blanche (1) ».

Please Kill Me

Fils d’une famille catho de Schaerbeek, Jo a la foi. Dans les héritiers de Rimbaud-Verlaine-Baudelaire mais aussi, au rayon privé, envers le Grand Concierge dans le Ciel. Le personnage connaît la cartographie des sentiments comme celle des croisements culturels. De New York à Avignon, de Paris à Edimbourg, il bourlingue toujours, loup sans âge en quête de meute idéale, pour recruter des comparses créatifs, sentimentaux, décalés, irrespectueux: hier, c’était, au hasard, le buto halluciné des Japonais de Sankaï Juku, prochainement, c’est Please Kill Me, histoire scénique du punk selon les journalistes/écrivains américains Legs McNeil et Gillian McCain (2).  » Cela m’a semblé être parfaitement identifié à une époque, un lieu, aux violences et questions désespérées de la vie », explique Jo.  » Il y a là une mesure de désespoir, y compris dans les naïvetés. C’est un bijou dans sa catégorie et puis Please Kill me , c’est la phrase de Lou Reed, qui ne le veut évidemment pas (mourir). » Dans le parcours de Monsieur Dekmine, surgissent 2 constats: un vrai plaisir de chercheur-découvreur, le genre de truc qui ne s’éteint jamais, et une méfiance proverbiale envers  » les arts en majuscules« . Il précise:  » Faut pas oublier que les idéologies sont mortes, que les grands élans sont cadavérisés -en dehors des folies religieuses qui me font peur…- je pense que la culture s’est dépolitisée, même s’il y a encore des spectacles qui s’en prennent au monde et à la vie. Par exemple, L’instant T (3), l’histoire d’un couple de 40 ans qui se déchire, je n’ai jamais vu un spectacle parlant de cela comme cela. C’est peut-être la définition du grand théâtre. » l

(1) DU 17 AU 19/01 À 19H30 ET MATINÉE LE 19 À 14H30, AVEC NO WAY BACK, BREAK DANCE URBAINE

(2) DU 24 AU 27/01 À 20H30

(3) DU 7 AU 9/03 À 20H30, WWW.THEATRE140.BE

PHILIPPE CORNET

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