Pour son troisième long métrage, la réalisatrice autrichienne emmène les spectateurs en pèlerinage à Lourdes, en quête de sens.

emmène les spectateurs en pèlerinage à Lourdes, en quête de sens.

L’interroge-t-on sur d’éventuelles affinités avec certains de ses collègues cinéastes autrichiens, que Jessica Hausner cite sans hésiter Michael Haneke et Ulrich Seidl, avec qui elle partage, à l’évidence, un penchant pour l’âpreté. Le premier a par ailleurs joué un rôle non négligeable dans son parcours, puisqu’elle a été stagiaire sur Funny Games, première version . Etudiante à la Filmakademie de Vienne, la jeune femme lui avait écrit le plus simplement du monde, initiative qui devait déboucher sur ce qu’elle considère, aujourd’hui encore, comme « une expérience vraiment formatrice. En termes aussi bien d’utilisation du langage cinématographique que de dramaturgie, j’ai trouvé cela vraiment impressionnant. »

Depuis, l’aspirante cinéaste a fait du chemin: Lovely Rita et Hôtel, ses 2 premiers longs métrages, ont eu les honneurs de la sélection officielle à Cannes, section Un Certain Regard; quant à Lourdes, le troisième, c’est à la Mostra de Venise qu’on a pu le découvrir. Le sujet en est peu banal, puisque le film accompagne un pèlerinage à Lourdes, dont le pivot est Christine (Sylvie Testud), clouée à sa chaise roulante par une maladie incurable. A ses côtés, c’est une réalité fort éloignée de celle des images d’Epinal que le film invite à partager, déroulant une trame de conte à la fois féerique et cruel. « Je voulais tourner un film sur les miracles, et inscrire cette histoire dans un endroit où l’on dit que des miracles se produisent, enquêtes à l’appui. Cette tentative d’expliquer les miracles m’est apparue absurde et émouvante à la fois, parce que derrière cela, il y a ce v£u que Quelqu’un existe qui a eu un plan pour vous plutôt que pour d’autres. L’histoire traite donc du souhait de se retrouver dans un monde où on est réconforté, et où on n’est pas complètement livré à soi-même. »

Sens et arbitraire

A propos de son attrait pour les lieux clos -patent aussi bien dans Hôtel que dans Lourdes ( lire la critique page 31) , où sa caméra dévoile un cadre inusité-, Jessica Hausner souligne combien ils servent sa volonté métaphorique. S’agissant, dans le cas présent, du désir général de bien-être et de quête de sens à l’existence, la cinéaste tisse une toile épousant le fil de la complexité des sentiments, ambivalents, dès lors que soumis au règne de l’arbitraire.

« Le film tend vers un questionnement général », approuve-t-elle encore, s’inscrivant en faux de certitudes pour leur préférer une certaine ambiguïté. Souligne-t-on encore que son scénario n’est pas dénué d’ironie, qu’elle ajoute: « C’est ma façon de dire qu’on ne peut attendre de personne qu’il soit inconditionnellement bon. Moi, pas plus que les protagonistes du film -être une bonne personne n’est pas simple. » Encore fallait-il trouver le moyen de l’exprimer. Celui choisi par Jessica Hausner évite les voies du politiquement correct, pour mieux questionner le spectateur, et se placer résolument sur le terrain philosophique: « Puis-je influencer le cours de mon destin à travers mes bonnes actions ou ne suis-je rien d’autre qu’un ballon dans les griffes du hasard? Ce contraste entre le sens et l’arbitraire est le c£ur de cette histoire. »

Jean-François Pluijgers

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