Je mange bien, ne t’en fais pas

© Fred

Dans la collection Le banquet, confiée à Ryôko Sekiguchi (l’exceptionnel Nagori notamment) et dédiée à la littérature gastronomique nipponne, paraît ce recueil réunissant les récits de quatre écrivaines japonaises contemporaines se frottant à l’Europe et à sa cuisine. Du Pays basque espagnol au Piémont, de la Bretagne à l’Alentejo, la chair de ces nouvelles est voisine, qui envisage la nourriture comme expression d’un rapport au monde et aux êtres, ramenant in fine à l’essentiel. Ainsi, chez Kaori Ekuni, dont le Alentejo accompagne dans un voyage gastronomique tout en nuances subtiles un couple homosexuel lisboète dont la relation amoureuse affronte les vents contraires de la jalousie. Ou dans Les Raisons d’Areno Inoue, où une jeune femme trouve dans la préparation rituelle d’un minestrone la force de la résilience. Un peu comme le protagoniste de Blé noir d’Eto Mori, dont la quête d’excellence culinaire n’est jamais qu’un moyen détourné de faire la paix avec son passé et son histoire familiale. Enfin, comme dans ses romans La Cigale du huitième jour et Lune de papier, Mistuyo Kakuta met en scène, dans Le Jardin de Dieu, une jeune femme en rupture avec son environnement. Aihnoa n’a pu pardonner à son père, un restaurateur réputé, d’avoir annoncé autour d’un repas de fête le cancer, synonyme de mort prochaine, de sa mère. Et de quitter les siens et sa province basque pour Barcelone d’abord, le monde ensuite, cuisinant à son tour comme pour mieux apprécier les vertus d’une nourriture  » aux goûts empreints de nostalgie« ; rassérénante, pour le coup.

Collectif, Éditions Picquier, traduit du japonais par Déborah Pierret-Watanabe. 184 pages.

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