La star est son double Jean-Claude Van Damme joue son rôle dans un film excitant, drôle et aussi émouvant, entre comédie, polar et confession intime.

De Mabrouk El Mechri. Avec Jean-Claude Van Damme, Zinedine Soualem, François Damiens. 1 h 37. Twin Pics.

Il n’y a qu’un Jean-Claude Van Damme. Mais même si je ne suis pas un diamant, j’ai plusieurs facettes. Ces facettes, JCVD les fait voir…  » Avec ces mots, Jean-Claude Van Damme exprime l’aspect tout à la fois – et paradoxalement – réaliste et kaléidoscopique de son dernier film en date. Il est piquant de constater que le meilleur rôle de l’ami Jean-Claude à l’écran aura été… le sien! Il joue en effet son personnage dans JCVD, un Van Damme qui débarque à Bruxelles avec plus d’un souci en tête. Des deals cinématographiques de plus en plus foireux, un procès pour la garde de son enfant, une certaine fatigue existentielle: la coupe n’est pas loin d’être pleine. Elle le deviendra quand l’acteur entrera dans un bureau de poste pour une opération financière urgente et se retrouvera… en plein hold-up. Pris en otage avec d’autres clients par les malfrats de service, un concours de circonstances fera que police et témoins extérieurs le croiront auteur du casse! Le siège du bureau de poste va ainsi débuter, avec d’une part une maréchaussée sur les dents, et de l’autre des fans venus en foule soutenir leur héros, sans oublier bien sûr les médias alléchés par ce fait divers peu banal…

Cocktail captivant

 » Au début, je voulais être sûr qu’on n’allait pas encore une fois se foutre de ma gueule« , nous disait Jean-Claude Van Damme au moment de la sortie en salle de JCVD. Ayant obtenu ses apaisements à ce crucial sujet, le comédien s’est investi totalement dans un projet que le jeune réalisateur français Mabrouk El Mechri sut mener avec talent autant qu’intelligence. Le cocktail de film d’action trépidant, de comédie déjantée (avec un succulent François Damiens en flic dépassé mais assez sympa) et de confession intime est une très savoureuse réussite. Avec un sommet de fascination, mais aussi d’émotion, lorsque Van Damme se confie soudain directement, face caméra.  » Cette scène n’est pas faite pour me justifier. Je n’ai pas à me justifier. Ce n’est pas ma faute si je fais bien ce que je fais, et que d’autres font mieux que moi ce que je ne fais pas… J’ai juste eu envie de m’adresser à cet objectif de la caméra, dont – pour l’avoir pratiqué depuis tant d’années – je sais bien qu’il va montrer des choses un peu différentes à mon sujet« , nous disait encore la star masculine belge numéro un du cinéma spectacle. Ce que révèlent les deux captivants documentaires proposés en bonus du DVD ne manque pas compléter un tableau qui captive, touche, et restitue dans sa complexité un personnage dont trop de clichés réduisirent l’image. Peu d’acteurs ont eu l’occasion de réussir pareille mise en abîme. Il est heureux que Jean-Claude Van Damme ait eu cette chance, puis ait joué le jeu avec la sincérité qui est sienne. « JCVD, conclut-il, montre que j’aime les gens. Moi, je marche à l’amour, dans le travail comme dans la vie… »

L.D.