J’ai perdu mon roman

 » Une histoire de cybermenace via l’écriture d’un roman. » Voici résumée et sur le point de s’achever dans une dernière boucle folle, la trame narrative de cet étrange objet littéraire. La locutrice? Sa narratrice, précisément: une Pamela devenue paranoïaque sinon parfaitement siphonnée, apprentie romancière élevée entre le confortable bazar parental niçois et la jungle relationnelle d’un squat artistique bruxellois. Elle se retrouve désormais perdue entre Gloria Hideseek, son personnage abandonné à une meute d’écrivains-trolls, planqués derrière leur écran, et… Laura Tinard elle-même, croisée au hasard d’un train, puis propulsée candidate idéale pour devenir le visage sinon la plume d’un prochain roman tout entier dédié à la narration de cette plongée dans les enfers d’une écriture collaborative sans frontières. Laura ressemble à Gloria, mais se propose de remplacer Pamela, à moins que ce ne soit l’inverse. Compliquée, cette affaire? Franchement, oui, un peu. Pour autant, l’énergie survoltée de cette nouvelle plume et la narration très tenue malgré le délire général parviennent ici à emporter le morceau, slalomant entre les écueils du conceptuel gratuit comme du narcissisme créatif. On se prend à signer des deux mains pour cette plongée en eaux troubles, en un texte farfelu aux multiples fulgurances.

De Laura Tinard, éditions du Seuil, 234 pages.

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