C’EST UNE ARTISTE PROTÉIFORME, EXPLORATRICE DU CORPS. POUR PREUVES, UN SPECTACLE INSPIRÉ DE LA VIE SEXUELLE DE CATHERINE M ET UN RECUEIL DE POÉSIES ÉROTIQUES.

Sous la doudoune « esquimau d’hiver », Isabelle Wéry porte des jambières sexy. À l’image de ses récents spectacles et autres écrits, l’artiste marche sur le fil de l’érotisme, jouant du music-hall décalé, avec son personnage fétiche, « Yvette à la ferme », majorette exilée à la campagne. Ici, le bas résille côtoie la grogne du cochon, mais aussi Shakespeare, Rimbaud, Bertolt Brecht. Un étonnant remix qui fonctionne.  » Pourquoi pas une fermière récitant Rimbaud? J’aime que des univers variés se rencontrent, souligne-t-elle. Après avoir joué plus de 150 fois Les Monologues du Vagin , notamment auprès de femmes violées, j’ai réalisé que beaucoup de corps sont malheureux. Ça m’a interpellé. Ensuite, j’ai croisé le récit de Catherine Millet, La Vie sexuelle de Catherine M, qui décrit de façon chirurgicale l’acte amoureux. J’ai eu envie d’en faire un objet théâtral, relié à mon écriture, et à d’autres écrits comme Le Souci des plaisirs de Michel Onfray. Du reste, je parle du corps multiple, comme le corps mourant. Oui, la parole est crue, elle peut choquer, mais c’est juste une écriture qui nomme les choses. Notre ancien monde judéo-chrétien fait encore violence au corps. Libérer ce corps sexué reste utile. »

Humour latex

Sur scène, l’humour s’assume un brin potache avec Yvette déguisée en Britney Spears, robe en latex comme modèle de sensualité! Isabelle ose.  » Je ne peux pas me permettre d’être pudique, dit-elle , sinon ça me couperait les ailes. Je joue avec les objets « érotiques » (latex, perruque, boa), qui renvoient plutôt à l’univers du music-hall, avec les émotions sonores que Marc Doutrepont organise en direct. L’érotisme n’est pas le moteur de mes projets. Il est là, tout simplement. »

Née à Liège, Isabelle Wéry a connu la ferme des grands-parents et le théâtre amateur des parents. Elle étudie à l’Insas et s’installe à Bruxelles. Depuis 20 ans, elle évolue au gré des rencontres et des envies, joue Molière, Brecht, Corneille, mais aussi les contemporains Jodorowsky, Eve Ensler, Carole Fréchette… En 2002, elle se lance dans l’écriture/mise en scène avec un bel ovni: La Mort du cochon, music-hall à la ferme. Depuis, on retrouve son univers au fil de ses propositions artistiques. Son 2e livre, Saisons Culottes amis est un recueil des divagations érotiques d’Yvette, illustré de superbes croquis sans équivoque de Juan d’Oultremont. Avec les musiciens Pierre Jacqmin et Steve Houben, elle crée Ma nuit Bowie/concert d’une chambre et chante l’émoi d’une adolescente qui vire ses nounours pour accueillir David Bowie dans sa chambre… Bref, Isabelle Wéry est bien entourée. Elle craque en vrac pour le champagne, les carnets de notes, les crevettes à décortiquer, les hommes, son appareil photo, Woody Allen, Sophie Calle, David Lynch, les brasseries. Toujours dans un vertige émerveillé propice à l’exploration de la vie, Wéry, voix douce, reste une femme pudique et une artiste goulue qui avance, blonde platine aux lèvres rouge vif…

NURTEN AKA CECI EST MON CORPS, DU 15 AU 26 FÉVRIER AU THÉÂTRE DE LA VIE À BRUXELLES (WWW.THEATREDEL

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