Isabelle Detournay

© © ISABELLE DETOURNAY

Quand elle pousse la porte de l’impressionnante façade Art Déco de l’Institut des Arts et Métiers de la ville de Bruxelles, Isabelle Detournay cherche à documenter l’enseignement professionnel, sans trop savoir à quel étage elle finira par s’arrêter. « C’est alors que la classe de mécanique, tout en bas, dans l’aile A, a attiré mon attention, peut-être moins spectaculaire, mais l’énergie collective était palpable. » Pendant quatre ans, elle va s’y faufiler, partageant le quotidien de jeunes en 3e et 4e. Cadrage carré entre néons, murs sales et (rares) fenêtres donnant sur la ville, odeurs de métal, scènes de bagarre, d’indifférence ou d’effusion testostérone, carcasses de voitures, beauté du geste technique et des machines, bleu Klein des blouses d’ouvriers: le huis clos, conjugué au masculin adolescent, dégage une évidente force, filtrée à la douceur et à la lenteur de l’argentique. Il comporte aussi un sous-texte politique. Succession de figures turbulentes ou mélancoliques, le reportage au long cours (re)donne un visage à une jeunesse bruxelloise mal regardée, stigmatisée, trop peu réfléchie pour cause de déclassement -social ou ethnique. Le portrait ultra contemporain d’une génération en tension, entre énergie vitale et avenir incertain. « Pourquoi tu me photographies? »

La Classe A008, éditions Le Bec en l’air.

Chaque semaine, hommage à un photographe qui a su capter l’essence inflammable de la jeunesse.

Y.P.

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