Le torchon brûle entre la presse et l’industrie du disque. En cause: le « contrat d’embargo » envoyé aux rédactions du pays leur interdisant de publier l’interview de dEUS avant la date du 15 avril. Sous peine de voir Universal piquer une grosse colère mais surtout, mettre à exécution sa menace d’amende grotesque de 25 000 euros. Du jamais vu. L’embargo, destiné autant à mettre tous les médias sur un pied d’égalité qu’à « optimiser » le tam-tam médiatique, est monnaie courante. Mais jusqu’ici, la parole suffisait. Même si certains titres avaient pris la fâcheuse habitude de s’asseoir dessus… Une nouvelle escarmouche dans les liaisons de plus en plus orageuses entre les journalistes et les majors qui, dans un climat de crise larvée du disque, cherchent par tous les moyens à préserver leur business. Nous avons bien sûr été surpris de recevoir ce « contrat » et tenté d’abord d’en faire des confettis. Pourquoi alors avoir signé? Parce que nous n’avions pas l’intention de griller l’embargo, parce que l’album de dEUS vaut le détour et parce que cette maladresse traduit plus le désarroi de l’industrie qu’autre chose. Une position nuancée de notre part, timorée diront certains, qui tranche avec celle de certains quotidiens du nord et du sud du pays qui ont sorti la grosse artillerie pour flinguer Universal, brandir la liberté d’expression (!) et… publier dans le même temps les propos de Tom Barman trois jours avant la deadline. Bizarre. N’aurait-il pas été plus cohérent d’expliquer au lecteur pourquoi ils ont refusé en bloc et le contrat et l’interview? Comme le fait un hebdo télé qui pique. Focus n’est pas indifférent à cette crispation. Simplement, aussi vexatoire et déplacée soit l’initiative d’Universal, nous estimons que les médias ont aussi leur part de responsabilité dans cette affaire. Car qui vendrait père et mère pour avoir l’interview du siècle? Et qui est devenu esclave de ces « speed-dating » aux noms ronflants mais à l’intérêt souvent très relatif? Nous nous sentions très à l’aise de parapher le document car libres justement de ne pas le faire sans que cela nous prive de dire ce que l’on pense de l’album. Entre une bonne critique et une mauvaise interview, notre choix est vite fait. C’est dans notre… contrat.

par Laurent Raphaël

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