Depuis 40 ans, les photographies de Mary Ellen Mark dévoilent les coulisses de tournages légendaires, de Apocalypse Now à Moulin Rouge, de Roma à Sweeney Todd. Un ouvrage somptueux en restitue l’éclat.

C’est le genre d’ouvrage que l’on ne se lasse pas de reprendre, encore et encore, à l’affût de nouvelles découvertes – ce portrait savoureux de Luis Bunuel et sa femme, Jeanne, à Mexico, en 1971, par exemple. Ou cet autre, inouï, de Marlon Brando, fixant l’objectif, un scarabée posé sur le crâne, pendant le tournage d’ Apocalypse Now. Et que dire de Melanie Griffith et Don Johnson en 1975, à l’époque de Night Moves d’Arthur Penn?

Depuis 40 ans, la photographe documentaire Mary Ellen Mark arpente les tournages de cinéma les plus fameux. De François Truffaut à Francis Ford Coppola, de Mike Nichols à Milos Forman, de Woody Allen à Tim Burton, tous lui ont ouvert leurs plateaux. Le résultat, objet de ce recueil somptueux, est rien moins qu’éblouissant: mieux que quiconque, peut-être, la photographe a su, dans de magnifiques clichés en noir et blanc, rendre l’atmosphère particulière d’un tournage, mais aussi saisir l’éclat de moments tendus entre la magie de l’instant et l’appel de l’éternité. Devant son objectif, c’est un peu de la vie à l’origine de nos rêves de celluloïd qui se dévoile, entre morceaux d’intimité – les Bridges père et fils, parmi d’autres -, portraits saisissants -,voir Cagney dans Ragtime, sa dernière apparition à l’écran – et élans spontanés – ceux d’un Fellini, notamment.

Dans sa courte introduction, Mary Ellen Mark explique combien son travail a été modifié par l’introduction du moniteur vidéo – « avant, les réactions du réalisateur pendant les répétitions et les prises étaient merveilleuses pour le photographe », et par l’impact du phénomène de la célébrité – « jusqu’au début des années 80, il était facile de traîner sur un plateau et de côtoyer les acteurs sans barrières. Aujourd’hui, c’est plus compliqué (…) ». Constat objectif, qui n’entame en rien la singularité d’une £uvre réussissant, en un séduisant paradoxe, à révéler l’envers du décor tout en en préservant le mystère. Apportant, comme d’autres personnalités, sa contribution à l’ouvrage, Jeff Bridges écrit joliment à ce propos:  » Le mystère du « comment cela a été fait » est si profond qu’on ne peut pas le dévoiler entièrement. C’est un peu comme un oignon: on l’épluche encore et encore, à la recherche d’une sorte de noyau essentiel. Et une fois toutes ces peaux mises à nu, on s’aperçoit qu’il ne reste rien – sauf les peaux. »

Un regard en coulisses/Quarante ans de photographies de plateau, Mary

Ellen Mark, Éditions Phaidon, 266 pages.

Texte Jean-François Pluijgers

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