LE PIèGE DE CRISTAL – Film événement de l’année, le quatrième volet de la saga Indiana Jones n’est pas à la hauteur du buzz qui l’a entouré.

De Steven Spielberg. Avec Harrison Ford, Cate Blanchett, Shia LaBeouf. Musique: John Williams. 2 h 03. Sorti le 21/05.

Dix-neuf ans après La dernière croisade, comment allait-on retrouver Indiana Jones? A cette question, Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull, quatrième volet de la série, apporte une réponse rapide: un peu froissé, certes, le chapeau cabossé aussi, mais toujours bon pied bon £il. Tout au plus si Harrison Ford y va d’un laconique « ça va être un peu plus dur qu’autrefois » dans l’un des nombreux clins d’£il émaillant le film. Réflexion d’ailleurs aussitôt démentie par les faits – la scène d’ouverture dans une base militaire américaine du Nevada voit l’aventurier témoigner d’un allant rarement pris en défaut par la suite.

Voilà pour l’une des interrogations liées au retour maintes fois annoncé et aussi souvent reporté du héros. Cela posé, le résultat d’ensemble n’est pas pour autant à la hauteur de l’attente et d’un buzz démentiel qui avaient fait de cette nouvelle aventure un des événements cinématographiques de l’année. La première partie du film est pourtant prometteuse qui, au c£ur des années 50 et en pleine guerre froide donc, voit Indiana Jones piégé par une bande de soldats russes conduits par la redoutable Irina Spalko (Cate Blanchett) – en qui les lecteurs de Buck Danny auront reconnu une héritière de Lady X. Quelques péripéties – dont un soufflant test nucléaire – plus loin, voilà Jones parti à la recherche d’une relique mythique, le Crâne de Cristal d’Akator, son intérêt titillé par Mutt (Shia LaBeouf), un jeune motard rebelle tout droit sorti de The Wild One. La paire embarque bientôt pour la jungle péruvienne, où elle vivra de trépidantes aventures parsemées de mille dangers…

DETOURNE DE SON OBJET

Rien que du bien classique dans cette exposition fleurant bon le film d’aventures millésimé, avec encore un soupçon d’action par-ci, d’autodérision par-là. Eprouvée, la recette semble cependant n’avoir pas convaincu entièrement les auteurs, qui y ont ajouté une tranche de Rencontres du troisième type, histoire sans doute d’épicer le tout. Sens aiguisé de l’autocitation peut-être, mais plus encore initiative malheureuse qui, sans le faire basculer dans le grotesque, détourne le film de son objet, ballotté qu’il est au gré des méandres d’un scénario un brin fumeux.

Improbable dans son crescendo, Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull apparaît surtout comme un film patchwork, entreprise où les épisodes précédents se taillent d’ailleurs la part belle. Voilà certes qui n’a rien de foncièrement déplaisant, mais guère plus d’utilité, n’était éventuellement celle de rappeler que Les Aventuriers de l’arche perdue, premier volet de la série, demeure insurpassable dans le genre. Cette fausse révélation énoncée, on saluera ici quelques morceaux de bravoure, de même que le charme vénéneux de Cate Blanchett et l’aplomb d’un Harrison Ford à qui les retrouvailles avec Indy semblent avoir fait l’effet… d’un coup de fouet.

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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