Indiana Jones incarne à sa manière les codes et stéréotypes du film d’aventures exotiques, genre depuis longtemps populaire.

Si le très fameux Indiana Jones, de son « vrai » nom Henry Walton Jones, Jr., est bien la création de Steven Spielberg et de son complice George Lucas, il n’est pas né d’une inspiration fulgurante et radicalement originale. Le héros numéro un du film d’aventures du dernier quart de siècle s’inscrit, certes de flamboyante et personnelle manière, dans une tradition déjà longue et féconde: celle du film d’aventures exotiques. Et il en illustre fort bien la plupart des codes.

LE BONJOUR DE JIM… et celui de tarzan

Premier ancêtre reconnu, au moins par George Lucas quand il propose le personnage à Spielberg: Jim la Jungle (Jungle Jim en v.o.), un héros de bande dessinée que son créateur Alex Raymond faisait évoluer dans un univers tropical semé de pièges plus dangereux les uns que les autres. Le « serial » (film à épisodes conçu comme un feuilleton) produit en 1937 par Universal adaptait les comics de Raymond avec Grant Withers dans le rôle titulaire. Plusieurs éléments qui marqueront la saga d’Indiana sont déjà au rendez-vous. L’époque des années 1930 sera aussi celle où Lucas et Spielberg situeront les aventures d' »Indy ». Avantage? Pouvoir évoquer le passé colonial et les personnages « exotiques » avec une pseudo innocence qui évite de devoir être trop « politiquement correct », comme on dit aujourd’hui. Bien sûr, quelques clins d’£il montreront que le héros n’est pas dupe, le machisme inhérent au genre et clairement exprimé par Jungle Jim faisant lui aussi l’objet d’une relative prise de distance assez postmoderne dans la saga d’ Indiana. Le rythme échevelé des récits, la multiplication des chausse-trappes sur la route du héros, proviennent aussi en bonne partie d’une source que les amateurs peuvent découvrir en DVD (zone 1 seulement, et sans sous-titre…)

Autre caractéristique d’ Indiana, son combat contre les nazis a lui aussi connu un précédent dans l’histoire du film d’aventures. C’était en… 1943, dans Le Triomphe de Tarzan, où William Thiele (un réalisateur d’origine autrichienne, comme Hitler!) dirigeait un Johnny Weismuller trop heureux – lui qui était juif – de dégommer une troupe de nazis parachutés sur la cité perdue de Zandra. Et lorsqu’on sait que les méchants Allemands de ce film voulaient mettre la main sur des ressources minérales pouvant leur faire gagner la guerre, on se dit que Lucas ou Spielberg devait avoir accès à une copie de ce Tarzan méconnu…

On ne chipotera pas sur le chapeau, le blouson de cuir et le fouet, éléments caractéristiques de la panoplie de Mr. Jones. Quoique le fouet ait été manié de main de maître par un prédécesseur héroïque nommé Don Diego de la Vega, alias Zorro! Après tout, les codes et stéréotypes sont là pour être répétés souvent, subvertis parfois, réinventés rarement. Le travail de Spielberg et Lucas restant un modèle immensément divertissant de synthèse: l’exotisme, l’aventurier, le justicier, les périls affolants, les ennemis sanguinaires, la séduction mâtinée d’autodérision, vont comme un gant à cet Harrison Ford, acteur intermittent et charpentier à ses heures, dont ils ont fait une star.

TEXTE LOUIS DANVERS

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