Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DOCUMENTAIRE DE BENJAMIN MARQUET.

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Parler de football au cinéma est une affaire délicate. Je suis supporter du Standard l’a encore démontré l’an dernier en racontant les aventures de Milou, drogué du foot qui roule au Rouche et se pique aux travées de Sclessin… Trêve de loufoquerie. C’est cette fois d’un documentaire sérieux, Standard, présenté dans son format court (52 minutes) dont le supporter liégeois est le héros. Il y a quatre ans, le journaliste français Brieux Férot débarque dans la cité ardente pour brosser un portrait de Roger Claessen. La picole, la fête, les femmes… Le sujet est taillé pour So Foot, magazine savoureux, désopilant et décalé du ballon pour lequel il travaille à Paris. En rentrant au pays, Férot parle à son pote Benjamin Marquet du club qu’il vient de découvrir. Le documentariste qui a étudié la sociologie et l’anthropologie à l’Université de Nanterre est un adepte du docu en immersion et de l’observation participante. Il a vécu pendant un an à Chantilly dans le plus grand centre d’entraînement de chevaux de course en Europe pour son premier film consacré à des enfants qui rêvaient de devenir jockey. Il va cette fois plonger dans l’enfer de Sclessin. Au coeur du bouillonnant public liégeois.

Sanctuaire

30 143 places, 18 mois de tournage, un film… Standard ne parle pas à proprement parler de football (on ne voit d’ailleurs à l’écran ni but ni occasion). Il observe juste, avec beaucoup d’humanité et quelques pointes d’humour, loin des bagarres et des clichés, ceux qui le vivent passionnément dans les tribunes. Filme des gamins qui ont peut-être prononcé Standard avant de savoir dire papa ou maman comme des pensionnés qui boufferont les pissenlits par la racine un maillot rouge et blanc sur les os…

Il y a Francis. Mémoire vivante du club qui découpe et collectionne depuis 35 piges les coupures de presse, peut-être 100 000 articles, et a fait de son grenier un sanctuaire. Nadine, une quinqua bruxelloise prof de compta qui devient quelqu’un d’autre tous les week-ends et se sépare de ses Damar de la défaite. Puis aussi Lily, Amandine, Junior…

« Je n’ai pas d’enfant, raconte avec une sincérité désarmante l’un de ces fidèles Rouches. Je ne me voyais pas avec une femme qui me dise: tu ne vas pas au stade. Tu dois t’occuper de ton fils. C’est égoïste mais je l’assume (…)Je suis un grand nerveux. Crier, chanter, m’énerver sur le club, sur le match, sur les joueurs, sur le président, sur tout le monde m’aide à extérioriser cette nervosité pendant deux heures. Il y en a qui vont faire du sport ou du yoga. Moi, je vais au stade de foot. » Décompression, passion et obsessions…

JULIEN BROQUET

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