Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

RELANCÉ RÉCEMMENT VIA LE NET, LE LABEL DANCE MANIA REÇOIT LES HONNEURS AVEC UNE COMPILATION RÉTROSPECTIVE. RETOUR SUR UNE ENSEIGNE ESSENTIELLE DE LA HOUSE MUSIC.

Divers

« Hardcore Traxx: Dance Mania Records 1986-1997 »

DISTRIBUÉ PAR STRUT.

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Par définition, la musique électronique a toujours été tournée vers le futur. Question d’ADN: carburant à la nouveauté, dopée aux machines et à la technologie, la dance est forcément moderne, ou en tout cas d’ici et maintenant, là, tout de suite. Hic et nunc sur la piste de danse.

Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas de passé. Exemple: on aura beau trouver étrange le principe d’une soirée house rétro, force est de constater que le concept fonctionne et fait souvent le plein. Même constat pour les compilations. Depuis quelque temps, elles ont commencé à fleurir. A nouveau, il y a quelque chose de décalé à voir « coffrés » des morceaux calibrés pour batifoler dans l’air moite d’un club. C’est le cas par exemple de la double douzaine de tracks rassemblés sur Hardcore Traxx: Dance Mania Records 1986-1997. Tout ici vise le dancefloor et le groove qui tue. Pourtant, même non mixés et écoutés hors contexte, la plupart des morceaux restent tout à fait irrésistibles…

Bref rappel des faits. Si la techno est née à Detroit, la house s’est, elle, inventée dans les clubs black et gay de Chicago. C’est aussi de là qu’est parti le label Dance Mania, s’engouffrant dans la brèche ouverte par Trax Records et DJ International Records. La caractéristique maison: un son souvent plus brut de décoffrage, plus vicieux. Son patron peut bien se le permettre. A l’origine, Ray Barney a repris le business de son père, une grosse boîte de distribution musicale, et peut donc faire à peu près ce qu’il veut sur le côté. Il lancera donc Dance Mania. Y passeront notamment Lil Louis, ou plus tard DJ Funk. Les premiers « hits » s’intitulent par exemple Seven Ways (signé Hercules, alias Marshal Jefferson, déjà responsable de l’hymne Move Your Body) ou House Nation (par Farley Keith).

Leçon d’Histoire

Les deux tracks sont évidemment présents sur la compilation mise au point par Strut. Une anthologie qui suit pas à pas les évolutions de l’enseigne, de ses penchants les plus soulful (I Dream You, Searchin’ Hard, Twinkles…) aux morceaux les plus rentre-dedans, virant à la ghetto-house: l’imparable Feel my motherfucking bass in your face de Paul Johnson.

Parmi les « historiques », Ghetto Shout Out!! est forcément aussi de la partie (party). Le morceau est signé Parris Mitchell, l’un des piliers de Dance Mania (on le retrouve encore par ailleurs sous l’alias Victor Romeo). Son Ghetto Shout Out!! a notamment inspiré le Teachers des Daft Punk (sur le premier album Homework, en 1997). Hommage des French robots aux pionniers de la techno et de la house, Teachers s’amusait à énoncer les noms de leurs maîtres, sorte de wall of fame de la musique électronique. Parmi les cités, plusieurs résidents de Dance Mania (dont Mitchell). Finalement, la leçon d’Histoire avait déjà commencé à ce moment-là…

LAURENT HOEBRECHTS

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