Comme chaque année, les Ten Days Off soufflent le chaud et le froid des musiques électroniques. Tous les beats sont au Vooruit de Gand, du 18 au 28 juillet.

C’est chaque année la même chose. Et c’est chaque année aussi insensé. Pendant 10 jours (et surtout 10 nuits), Gand va se retrouver sens dessus dessous, le temps d’une grande fête culturo-populaire: les Gentse Feesten. Au programme: des podiums gratuits, des animations de rue, des festivals de marionnettes, de jazz (le Ghent Jazz, of course, ancien Blue Note)… et surtout, indéboulonnables, les Ten Days Off.

On peut le rappeler, à l’heure où les grands rendez-vous de musiques électroniques ont tendance à se multiplier: quand il n’y avait personne, les Ten Days Off étaient déjà là. Du 18 au 28 juillet, le festival proposera ainsi sa quatorzième édition.  » La concurrence est effectivement plus importante actuellement, explique Philip De Liser, programmateur des Ten Days Off. Mais cela ne date pas d’hier. Depuis que des groupes comme Underworld, les Chemical Brothers ou Prodigy ont commencé à intéresser un public plus large, plus rock notamment, en fait. Du coup, chaque festival, du Pukkelpop à Dour, intègre des musiques électroniques dans leur programmation. Ce qui a davantage changé depuis 5, 6 ans, c’est la manière de fonctionner. Le côté business a pris le pas sur ce qui relevait d’abord du mouvement underground avec ses mécanismes.  » Booker des gros « noms » comme Laurent Garnier, Tiga ou Miss Kittin, devient dès lors plus compliqué. Surtout qu’en électro comme en rock, les cachets des artistes ont eu tendance à exploser. » Du simple au double, voire au triple, en 5 ans. »

CROSSOVER

La chance des Ten Days Off? On parlera plutôt d’audace, celle de programmer un maximum de découvertes.  » On reste quand même une asbl (Ndlr: 5 voor 12, qui gère également le club Petrol ou le festival De Nachten à Anvers). Nous sommes reconnus par la Communauté flamande, elle nous donne des subsides. Notre obligation n’est donc pas strictement commerciale. Elle est surtout de présenter les nouvelles tendances, les groupes émergents. »

A en croire Filip De Liser, les Ten Days Off semblent tout à fait à l’aise avec l’arrivée de rendez-vous comme le Tomorrowland, dont la quatrième édition se déroulera pendant le rendez-vous gantois.  » Le fait est que les préventes qui fonctionnent le mieux concernent justement le week-end où les dates coïncident… Sans poser de jugement de valeur, cela montre bien que nos approches sont différentes. Si l’on prend l’affiche que nous proposons cette année, on peut dire que près de 70 % de la programmation est inconnue du grand public. Cela a toujours été notre approche. A partir de là, le but est aussi de présenter une série de locomotives, des noms plus connus, pour aboutir à un équilibre. »

Signe des temps: si le rock s’est ressourcé ces dernières années dans l’électro, l’inverse est également vrai. Et cela n’est pas près de changer.  » C’est aussi pour cela qu’on a modifié le nom il y a 10 ans« , rappelle Filip De Liser. D’ailleurs, quand on demande au programmateur de citer les noms à ne pas rater, il évoque aussi bien l’électronica de Principles of Geometry, la techno d’Anja Schneider, que le rock-indie-new wave des Français de Poni Hoax ou la pop solaire de The Shortwave Set (produits par Danger Mouse). A ce petit jeu-là, il faut encore mentionner cette rencontre improbable entre jazz et techno organisée par l’Allemand Christian Prommer, relisant une série de classiques électroniques sous la forme d’un quartet entre latin cool et be bop.

Les croisements ne s’arrêtent pas là. Parfaitement à l’aise dans leur écrin du Vooruit gantois, les Ten Days Off déborderont malgré tout à nouveau vers le SMAK, les 18 et 19 juillet. La techno qui s’invite au musée? Là aussi, la démarche est devenue presque une évidence.  » Les Ten Days Off ont toujours eu l’ambition de croiser les disciplines, comme le faisait par exemple au départ un festival comme le Sonar, à Barcelone. Aujourd’hui, il a changé de ligne de conduite, mais de notre côté, on veut garder cette idée de crossover en tête: en mélangeant du graphisme, des installations vidéos, du multimédia… Pour cela, le SMAK est un endroit génial. » Avec l’expo Electrified, le Stedelijk Museum voor Actuele Kunst accueillera ainsi les installations de Ronald Kuivila et Edwin van der Heide, tous les deux d’origine batave, mais séparés par une génération. Le premier, né en 55, présentera Skewed Lines – ou comment jouer avec les orages et autres déflagrations électriques-; le second, né lui en 1970, posera ses effets dans le parc de la Citadelle, où il recréera son Pneumatic Sound Field. Le vent après l’orage donc. Avis de tempête sur les Ten Days Off?

u www.tendaysoff.be

TEXTE LAURENT HOEBRECHTS

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