Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Vert de rage – Green Day est de retour, cinq ans après le carton d’American Idiot. Entre-temps, George Bush est parti. Mais le trio est toujours remonté, relançant sa formule « opéra rock ».

« 21st Century Breakdown » Distribué par Warner. En concert le 17/10, au Sportpaleis d’ Anvers.

Cela n’était pas forcément censé se passer comme ça. Au départ, un groupe comme Green Day avait en effet toutes les chances de ne pas voir les années 2000. Non qu’il a particulièrement démérité. Mais qui pouvait dire que le carton réalisé par leur punk rock de grande consommation ( Basket Case,…) allait pouvoir se prolonger au-delà des nineties qui l’avaient vu naître? Heureusement, est arrivé George Bush Jr…

Derrière l’immédiateté des mélodies, Green Day a toujours glissé l’un ou l’autre commentaire sur la société. En 2004, avec l’album American Idiot, la formation californienne en fait cependant le centre de son propos. Au moment où un groupe comme les Dixie Chicks se débat toujours avec la campagne de presse lancée contre elles après leur critique du président Bush, Green Day y va d’une charge frontale. Billie Joe Armstrong (chant, guitare), Mike Dirnt (basse) et Tré Cool (batterie) y mettent la manière: le disque est présenté comme un « opéra punk-rock », monté autour du personnage de Jesus of Suburbia. Le pari est osé. Il est gagnant: le groupe vendra plus de 6 millions d’exemplaires d’American Idiot. Surtout, il se sera donné une consistance et un avenir qui n’étaient pas garantis.

Né sous Nixon

Cinq ans plus tard, le trio est donc de retour. George Bush Jr a quitté la Maison Blanche. Mais Green Day n’a pas rangé pour autant ses énervements. Billy Joe Armstrong a ainsi présenté le nouveau 21st Century Breakdown comme « un instantané de l’époque dans laquelle nous vivons, qui questionnerait et essaierait de trouver un sens aux manipulations permanentes, qu’elles viennent du gouvernement, de la religion, des médias ou de franchement n’importe quelle forme d’autorité ». Un discours forcément vague, qui passe paradoxalement beaucoup mieux une fois calé dans une chanson de trois minutes. 21st Century Breakdown se profile à nouveau comme un opéra rock. Il est découpé en trois parties – Heroes and Cons, Charlatans and Saints, Horseshoes and Handgrenades -, et tourne autour des personnages de Christian et Gloria, couple forcément romantique, forcément un peu paumé.  » Born into Nixon, I was raised in hell, chante ainsi Armstrong, avant de continuer plus loin: My generation is zero et de conclure We are the desperate in the decline, raised by the bastards of 1969″ ( 21st Century Breakdown).

Musicalement, le groupe continue à tracer sur ses bandes. Majoritairement dans un registre pop-punk, plus ( Horseshoes and Handgrenades) ou moins ( Know Your Enemy) corsé, mais aussi de plus en plus souvent en lorgnant vers un rock classique, adapté au stade ( Restless Heart Syndrome, 21 Guns).

Au final, comparé à American Idiot, 21st Century Breakdown n’apporte pas grand-chose de fondamentalement neuf. Il fonctionne bien davantage comme une prolongation. C’est déjà ça de pris. l

Laurent Hoebrechts

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