GrassKings (2/3)

Rien ne va mieux à Grass Kingdom, la communauté de marginaux perdue au fin fond des États-Unis et devenue, sous la houlette de trois frères qui font obstacle aux lois américaines, un véritable royaume pour les parias, exclus et hobos de l’Amérique profonde n’ayant nulle part ailleurs où s’installer. Un village artificiel, toujours prêt à exploser, fait de mobil-homes déglingués et de chalets décatis dans lequel pourrait bien se cacher un tueur en série. A-t-il enlevé la fille de Robert, l’aîné des trois frères, il y a quelques années, le rendant alcoolique et complètement parano? On ne le saura évidemment pas encore dans ce deuxième volume du  » polar graphique de l’année« , dixit son éditeur, le scénariste Matt Kindt s’amusant à distiller fausses pistes et indices parcellaires avec une efficacité machiavélique, tout en ne lâchant rien de son récit qui met en scène ce fond d’Amérique et son atavisme pour la violence, digne des meilleurs auteurs de Southern Gothic tels Faulkner, Ron Rash ou McCarthy. Une ambiance anxiogène parfaitement incarnée dans le dessin nerveux et les aquarelles audacieuses du dessinateur Tyler Jenkins -lequel a d’ailleurs déjà rempilé avec Matt Kindt pour un nouveau projet. Un Matt Kindt, perle de la BD américaine, dont il ne faudrait pas que le public francophone se lasse avant même d’avoir découvert son grand oeuvre, MindMGMT, pas encore traduit en français: son éditeur Futuropolis le soumet en tout cas à un rythme d’enfer pour l’imposer de ce côté-ci de l’Atlantique, avec une nouveauté au programme quasiment tous les mois -la série Dept H en quatre tomes et dont il assurait aussi le dessin, vient, elle, de s’achever.

GrassKings (2/3)

de Matt Kindt et Tyler Jenkins, éditions Futuropolis, 144 pages.

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