Grands débuts

Avec un premier album délicieux, la Canadienne d’origine serbe Dana Gavanski joue le trait d’union entre Angel Olsen et Cate Le Bon.

Il y a peu, elle vivait encore entre Belgrade et Montréal. Aujourd’hui, elle semble s’être posée à Toronto. Née dans une famille serbe de Vancouver, Dana Gavanski a grandi en chantant et a toujours été attirée par le monde de l’art, du spectacle et du divertissement. C’est dans le milieu du cinéma que la jeune femme avait initialement prévu de faire carrière, mais comme disait Lelouch, « la vie est une météo imprévisible ». Tout commence quand un ex lui abandonne sa guitare avant de déménager à New York. Dana se fait la main sur Diamonds and Rust de Joan Baez et ouvre un bouquin pour réapprendre à jouer. Elle se met au fingerpicking, ce style particulier né au début du XXe siècle quand des guitaristes essayaient d’interpréter à la gratte des ragtimes écrits pour le piano. Après avoir bossé avec son père comme assistante de production pour un film d’horreur dans les Laurentides, Gavanski prend un an pour se consacrer à la musique. Elle sort en 2017 son premier EP, Spring Demos, puis deux ans plus tard le single One By One produit par Mike Lindsay du groupe Tunng (aussi croisé au chevet de Cibelle…). C’est cette chanson fragile qui ouvre son premier album Yesterday Is Gone. Une jolie carte de visite. Un disque réussi, prometteur, qui voyage entre l’indie folk et la dream pop, entre Angel Olsen et Beach House, Aldous Harding et Cate Le Bon…

Grands débuts

Sur le fil

Dans le clip particulièrement surprenant de Catch, qui affirme son goût du 7e art (elle joue d’ailleurs dans un court métrage de 2010, The Missing Me, réalisé par Yana Yaseneva, trouvable sur Vimeo), Dana se prélasse au milieu des chats, se promène à la campagne et fait du stop. Retournement soudain de situation, final sanguinolent… Gavanski a tout d’une grande. En ce compris le don de raconter ses chansons. Good Instead of Bad réfléchit ainsi la fin d’une relation et la rapidité avec laquelle les choses changent. « Elle évoque le désir de rattraper tout ce qui n’a pas été fait ou n’a pas été bien fait. Ça parle de se retrouver empêtré entre l’idée de rompre et de ne pas savoir si c’est la bonne décision. De ne pas dire les bonnes choses, de ne pas pouvoir exprimer la complexité de ce que l’on ressent. Les choses changent et c’est tout. On ne peut pas revenir en arrière et annuler un mauvais choix. » C’est aussi une ode à l’empathie. « Une tentative de voir les choses du point de vue de l’autre et de comprendre à quel point c’est difficile pour lui aussi. C’est une réflexion sur le caractère intraitable de certaines décisions. » De manière générale, Yesterday Is Gone est une exploration introspective de l’expression des sentiments. Aventureux et haut perché, souvent sur le fil et toujours en équilibre.

Dana Gavanski

« Yesterday Is Gone »

Distribué par Full Time Hobby/Konkurrent.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content