Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le jeune rappeur bruxellois vient de sortir Le Point G. Un premier album authentique mais qui entend bien rassembler au-delà du traditionnel cercle des initiés hip hop.

L’exploit fut de courte durée, mais tout de même: la semaine de sa sortie, Le Point G a directement atteint la première place du classement des albums belges les plus vendus. La 4e du général de l’Ultratop, titillant les Lady Gaga et autres Black Eyed Peas. Pas mal pour un premier album. Pour en parler, on rencontre Gandhi, alias Trésor Georges Mundende Mbengani, du côté d’Evere. 1140, c’est chez lui: il a grandi principalement dans le quartier Germinal. Né en 1980, ses racines sont congolaises: ses parents viennent de Kinshasa. Il n’y a jamais mis les pieds, mais cela ne l’a pas empêché de rejoindre le projet Héritage, monté par Pitcho, regroupant une série d’artistes africains autour des 50 ans de l’indépendance du Congo. Au-delà, on devine que son parcours familial n’a pas toujours été simple. De lui-même, il en parle peu, voire pas. C’est en écoutant son disque que l’on peut encore le mieux retracer son itinéraire et ses galères, Gandhi faisant même intervenir ses proches entre les morceaux. « J’écris sur ce qui me touche. Même si c’est cliché, il y a en effet quelque chose de la thérapie. J’évoque des sujets très lourds, souvent très personnels. J’ai essayé de ne jamais me censurer. En soi, c’est un album de partage. Je voulais montrer que quelque part on est tous pareil. » Au générique, on retrouve notamment la participation de « collègues » tel Freddy Massamba ou des grands noms du rap français, comme Kery James ou Sir Samuel. Au final, Le Point G est souvent touchant, parfois maladroit aussi. Mais toujours sincère, avec cette petite touche mélancolique qui ne semble jamais très loin. « C’est l’humeur musicale dans laquelle je me sens le mieux, c’est vrai. »

Le rap, Gandhi est tombé dedans avec les Sages poètes de la rue. Pas vraiment le rap « caillera » donc. Avec un pseudo pareil de toutes façons…  » J’ai découvert le personnage de Gandhi à l’école. A l’époque, la plupart des mecs dans le rap choisissaient des pseudos très guerriers, très agressifs… Je trouvais ça pas mal d’arriver avec le nom de quelqu’un qui a d’abord combattu avec les mots. » Dès 99, Gandhi rentre ainsi en studio pour devenir petit à petit un des piliers de la scène rap bruxelloise.

Frilosité

Une scène qui a parfois tendance à tourner en rond, mais qui peut aussi revendiquer légitimement un manque de soutien médiatique. Elle dispose pourtant d’un public. « Pour le lancement de l’album, on a organisé une séance de dédicaces au Media Markt de la rue Neuve. On a eu énormément de monde. Le gérant du rayon musique nous a avoué par après qu’il n’avait plus vu de tel démarrage depuis le dernier Coldplay. » C’est Quentin Henneaux qui parle. Avec des camarades, il a monté Kifanisu, la structure qui sort ce premier album de Gandhi. L’ambition: montrer qu’il est possible de faire un hip hop qui soit à la fois authentique et ambitieux, crédible et ouvert. « D’une part, il y a en effet encore une frilosité de la part des médias traditionnels. D’un autre côté, la scène rap doit aussi s’ouvrir. Par exemple, en invitant des musiciens qui apportent une vraie richesse, comme l’ont toujours fait les Roots ou même aujourd’hui quelqu’un comme Jay-Z. » Et Gandhi de conclure:  » On n’est pas là uniquement pour les gens du hip hop. On veut rassembler. » l

Gandhi, Le point G, Kifanisu.

concert le 18/07 au festival de Dour, le 18/08 au Brussels Summer festival.

Laurent Hoebrechts

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