Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

High voltage – Le Palais de Tokyo accueille Gakona, un cycle d’expositions à l’électromagnétisme puissant. Quatre artistes survoltés prennent la parole. Gare à la décharge.

Au Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, à 75116 Paris. Jusqu’au 03/05.A l’heure où la Belgique inaugure la station Princesse Elisabeth, l’exposition Gakona tombe à pic (de glace). Le retour du plat pays sur la banquise, après plus de 40 années d’absence, appartient à ces événements qui alimentent le fantasme. Dédiée à la recherche – bactériologie, champ magnétique, météorologie… -, cette station polaire zéro émission accueille scientifiques mais aussi militaires. On n’est donc pas très loin de l’esprit de Gakona. Pour rappel, ce petit village au centre de l’Alaska abrite le programme de recherche américain HAARP (High-frequency Active Auroral Research). Inspiré par les travaux de Nikola Tesla, un cerveau hors norme, un pool de chercheurs y étudie la possibilité de transmettre l’électricité sans fil au moyen de l’ionisation des hautes couches de l’atmosphère. En raison de son financement militaire et des imaginations associées à l’électromagnétisme depuis le dix-neuvième siècle, HAARP est devenu le pôle de toutes les extrapolations. Dérèglement climatique, influence sur les comportements humains, système d’écoute géant… On prête à la base des pouvoirs dignes de la science-fiction. C’est sous ce haut patronage entre rumeur et réalité que le Palais de Tokyo place un nouveau cycle d’expositions réunissant quatre artistes: Roman Signer, Laurent Grasso, Ceal Floyer et Micol Assaël.

C’est d’abord le travail de Roman Signer qui retient l’attention. Depuis 1973, cet artiste conçoit une £uvre explorant le potentiel des forces de la nature. Dans le cadre de Gakona, il donne à voir trois installations – Parapluies, Table Flottante et Chaises. Celles-ci fonctionnent à rebours. Le moment de questionnement surgit ici après l’événement. C’est dans l’après déclenchement que l’installation fait sens. Le tout pour une temporalité totalement inversée.

courant alternatif

Laurent Grasso, quant à lui, signe Haarp, soit une sculpture inspirée par le programme éponyme mentionné plus haut. Cette restitution entend jouer avec nos angoisses. Ceal Floyer déploie elle une £uvre ultra-minimale. Sous sa coupe, les objets du quotidien, comme une ampoule, un seau ou une perceuse se mêlent à des phénomènes comme l’eau qui frémit ou la flamme qui oscille. Floyer de son côté amène le visiteur à poser un autre regard sur les objets les plus simples. Enfin, Micol Assaël rend hommage au scientifique russe Alexander Chizhevsky. Chizhevsky Lessons est une £uvre qui a pour particularité de ne rien donner à voir. Sinon l’invisible. Le visiteur est d’abord averti du danger. Une fois dans l’espace d’exposition, il peut ressentir, voire même entendre, la puissance électrique de plusieurs dizaines de milliers de volts. L’artiste a porté ce projet pendant cinq ans avant de pouvoir le réaliser avec les ingénieurs russes du Moscow Power Institute, Faculty of Technics and Electrophysics of High Pressure, les seuls à avoir accepté de le développer.

www.palaisdetokyo.com

Michel Verlinden

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