Maxime Delcourt
Maxime Delcourt Journaliste

A force d’entendre dire que les séries d’horreur ne forment qu’un tsunami de clichés réservés à quelques nerds en mal de sensations fortes, certains showrunners ont visiblement fini par vouloir leur offrir un beau lifting. L’hypothèse affleure devant la (longue) liste des fictions actuellement en cours de diffusion: de l’étrange American Horror Story à la cultissime The Walking Dead, de la mini-série tournée en caméra amateure The River (réalisée par Oren Peli, l’homme derrière Paranormal Activity) à l’effrayante Hannibal, toutes se jouent intelligemment des archétypes développés au cinéma et permettent à ce genre de niche de ne pas répéter infiniment la même mécanique. Mieux: à en croire les chiffres records de la saison 3 de The Walking Dead (12,4 millions de téléspectateurs en moyenne, du jamais vu pour AMC), ce genre sériel serait même actuellement l’un des plus rentables. Il faut dire que ces histoires horrifiques n’ont plus grand-chose à voir avec celles d’il y a quelques décennies -souvenons-nous des Contes de la Crypte et de Masters of Horrors. A présent, les épisodes se révèlent nettement mieux ficelés et exposés, s’orientant davantage vers un propos ouvertement familial et, donc, grand public. Depuis son retour en force à la fin des années 2000, la série d’horreur est donc devenue un rouage essentiel de l’économie télévisuelle, le fonds de commerce indispensable à certaines chaînes, qui ont toutes ou presque développé leur propre projet. C’est ainsi que A&E a lancé l’année dernière Bates Motel, que Syfy diffuse depuis janvier Helix, qui mêle habilement l’univers de John Carpenter et les intrigues de Lost, et que Hemlock Grove fait son petit bout de chemin depuis un an sur Netflix. Pour assurer la pérennité de ces histoires morbides, et éviter une uniformisation des récits, les chaînes n’hésitent également pas à faire appel à des showrunners de renom (c’est le cas de The Strain, prévue cet été et réalisée par Guillermo Del Toro, et surtout de Penny Dreadful, produite par Sam Mendes et interprétée par Josh Hartnett et Eva Green), mais aussi à plonger dans la mythologie de l’épouvante: outre Bates Motel, qui n’est autre que le prequel de Psychose, un remake de Rosemary’s Baby vient ainsi d’être lancé sur NBC. Bien sûr, toutes ces fictions ne révolutionnent pas le genre et peu d’entre elles, en dépit de cases horaires plutôt favorables, semblent promises à la postérité, mais leur présence et leur maîtrise du storytelling suffisent à prouver que l’horreur, en 2014, n’a plus rien de rare ni de honteux.

MAXIME DELCOURT

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