Forte

Le titre affiche son double sens avec une belle assurance. Celle d’une scénariste et actrice se révélant spectaculairement dans une comédie faite par elle et pour elle… Sans jamais verser dans l’autocomplaisance où se vautrent assez souvent les humoristes du net et/ou du stand-up quand ils passent au cinéma. Melha Bedia ( voir son portrait en page 4), soeur (très) cadette de Ramzy, n’a pas besoin de cela pour s’assumer face aux nombreux stéréotypes dont elle pourrait se déclarer victime mais qu’elle se plaît plutôt à retourner avec talent et autodérision. Forte raconte l’histoire de Nour, 20 kilos de trop, habillée en survêtement de sport, Arabe, musulmane et vierge. Une fille en mal de séduction et d’acceptation de soi, se tournant pour acquérir de la confiance en elle vers la pratique de la pole dance! Une expérience qui la verra rencontrer une coach de choc (Valérie Lemercier), un livreur de repas sympa, et vivre des épreuves menant -par-delà les humiliations- à un début d’épanouissement…

À la réalisation, Katia Lewkowicz se fait relais fidèle et complice efficace de Bedia. Le timing comique est bon, les angoisses de l’héroïne affleurent sous une surface de franche drôlerie, les seconds rôles sont bien croqués et la comédie se teinte joliment de satire quand l’envie lui en prend. Forte n’atteint aucun sommet, il n’y aspire d’ailleurs nullement. Ce film modeste mais savoureux marque juste sa différence dans le paysage si souvent consternant de la comédie juvénile made in France. Il est bienveillant sans mièvrerie, aborde le mal-être sans une trace d’apitoiement sur soi, avec une bonne humeur lucide. Ah oui, aussi, et c’est important: il donne la patate!