Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

REMèDE MIRACLE – Cinq jeunes gars d’Oxford font les malins et dansent sur la tête, entre expérimentations et pop buissonnière.

« Antidotes »

Distribué par Transgressive Records/Warner. Pas de répit pour la hype. Contrairement à ce qu’on pense, le buzz n’est pas un bruit temporaire. C’est un bourdon permanent. Seul change finalement le nom du groupe qui en bénéficie. C’est harassant: à peine le dos tourné, qu’un nouveau groupe pointe le nez, prêt à en découdre. Derniers arrivés: les Foals, quintet originaire d’Oxford. Au début de l’année, ils terminaient cinquième au traditionnel classement de la BBC, sondage réalisé parmi les professionnels de la profession, censé déterminer les groupes qui feront 2008.

Interrogé à cette occasion, le chanteur/leader/tête à claque Yannis Philippakis déclarait notamment employer la pédale d’effets de sa guitare pour « reproduire le son du système solaire », et insistait lourdement: « Nous sommes différents. «  La boutade n’est évidemment pas loin. Mais quand même, c’est pour dire: les Kooks n’ont pas de souci à se faire. Ce n’est pas demain la veille que les Foals viendront chasser sur leurs autoroutes mélodiques. C’est que les cinq anciens étudiants de la prestigieuse université ont des antécédents. Plus radicaux notamment. Plusieurs membres du groupe ont déjà laissé leurs guitares frayer, voire s’embourber dans les marécages du math rock (oxymoron musical qui combine complexité rythmique et dissonances). Ils s’en sont éloignés depuis, mais l’expérience a laissé des traces. Foals se présente d’ailleurs volontiers comme la face plus pop de ce premier projet. « C’est libérateur d’essayer de faire de la musique qui soit accessible. »

FORMULE MAGIQUE

Du coup, le curseur a bougé. Les fantômes de groupes comme The Cure ou les Talking Heads viennent souvent faire un tour dans les parages de Antidotes, premier album de Foals. On pense aussi à Bloc Party ou The Rapture, quand la batterie a, par exemple, des bouffées de funk blanc. Un morceau comme Cassius évolue un peu dans ces eaux-là, peut-être le titre le plus direct du lot, avec ces saxophones qui évoquent autant le son des années 80 que des réminiscences afrobeat. Juste avant, The French Open y va encore plus franchement dans les plans « makossa ». Les Foals ne sont pas les seuls aujourd’hui: un groupe comme Vampire Weekend picore aussi dans les guitares africaines, mais en préférant une ligne claire quand les Anglais, moins systématiques, les noient dans le reste pour mieux les détourner.

Pour info, Antidotes a été produit par Dave Sitek. Ce n’est pas anodin. Au sein de son groupe TV on the Radio, le New-Yorkais a toujours mêlé expérimentations et fulgurances. C’est un peu le même pari que l’on retrouve chez Foals. Parfois, c’est d’ailleurs là que ça coince: trop barré pour la pop, pas assez biscornu pour l’avant-garde, on ne sait pas toujours sur quel pied danser. La pose n’est pas toujours très loin. Mais soit: personne n’a dit qu’il fallait trouver l’équilibre, la formule magique dès le premier essai. En attendant, Antidotes apporte un peu de fraîcheur dans un monde de clones, assez intrigant et culotté pour avoir envie de le réécouter régulièrement et attendre la suite avec curiosité.

u www.myspace.com/foals

LAURENT HOEBRECHTS

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