A l’origine, la FM (Frequency Modulation) désigne la largeur du spectre radio -86.5 à 108.0 MHz- conçue pour la diffusion d’un son haute fidélité, d’où le terme « Bande FM ». Si l’utilisation de cette norme commence dès la fin des années 30, aux Etats-Unis, pionniers en la matière, il faut attendre le 1er juin 1961 pour qu’une station du Michigan, la WGFM, devienne le premier diffuseur en norme stéréo. La sélection vise initialement le marché classique et celui des musiques à large orchestration, mais dès la fin sixties, les fans d’un certain soft rockretrouvent leurs préférences sur une série de radios FM installées en territoire nord-américain, comme la new-yorkaise WTFM. D’où la classification « FM Rock » pour un style dominé par la production américaine (Carole King, James Taylor, Chicago, The Eagles, Bread) mais également visité par quelques champions anglais de la ballade (Cat Stevens, Elton John, The Hollies). Un groupe anglo-américain domine les années 70 et incarne cette FMisation du rock: Fleetwood Mac. L’album Rumours, sorti début 1977 et finalement vendu à 45 millions d’exemplaires (!), devient la quintessence d’un genre vu en pleine période punk comme suave, sacchariné et conservateur -si pas totalement niguedouille de bonnes intentions. Jugement sévère accrédité par d’autres artistes définitivement mous du cervelet (Boston, Styx, Kansas, Little River Band, Barry Manilow, Ace, John Denver, Journey). Mais la chose est évidemment nuançable. Si le Mac paraît aujourd’hui comme un fleuron de la Californie 70/80, défiant l’air du temps et les 457 genres proto-rock prétendument inventés depuis lors, c’est assez simplement parce que nombre de ses morceaux ont la capacité de rester dans l’oreille la plus charnue (Don’t Stop, Dreams, Sarah, Gypsy). Caractéristique récurrente donc d’un FM Rock, aux contours quand même larges, alignant une série de moments mémorables, en grande partie dus à des mélodies du même sucre blindé. Citons Eric Carmen (All By Myself), Hall & Oates (I Can’t Go For That), The Hollies (He Ain’t Heavy, He’s My Brother), Steely Dan (Do It Again), Todd Rundgren (I Saw The Light) ou encore Captain & Tennille (Love Will Keep Us Together). Le format ou tout au moins son appellation, évoluera au gré des décennies, mais aujourd’hui encore, la FMramène à l’idée d’une pop davantage engagée sur le terrain rassurant de la mélodie et des harmonies que sur celui d’un quelconque engagement social ou politique. Avec des variations importantes d’appréciation et de contenu: ainsi en Belgique, le Radio Cité lancé en 1978 par Marc Moulin sur la bande FM -inclus dans la chaîne Canal 21 de la RTBF- mélangeait toutes sortes de musiques, y compris noires et new wave. Si aujourd’hui un James Blunt incarne sans doute la face la plus policée (pour rester poli) du style FM, Andy Burrows crée a contrario un répertoire dont la teneur mélancolique le rapproche autant des grands balladeurs seventies que de certains artistes plus fracassés, à la Robert Wyatt. Et comme dirait cet optimiste de Vincent Van Gogh: « La tristesse durera toujours »…

PH.C.

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