In Bed with Madonna – Inédit, le premier film de la Ciccone conte le quotidien galère de trois jeunes Londoniens. Un film attachant, aux échos autobiographiques.

De Madonna. Avec Eugene Hutz, Vicky McClure, Holly Weston. 1 h 20. Mélimedias.

Annoncé à grand fracas médiatique à la Berlinale en 2008, Filth and Wisdom ( Obscénité et vertu), le premier film de Madonna réalisatrice, n’aura finalement guère fait de vagues. Postulat qu’atteste aujourd’hui sa sortie en DVD sans passage par la case grand écran, le sort généralement réservé aux nanars de série – ce qu’il n’est assurément pas.

Non que cet essai soit dénué de maladresses, à commencer par son ouverture qui, sur un mode guignolo-sentencieux, nous en expose l’enjeu façon « Le vice et la vertu sont les deux faces d’une même pièce » ou, formulé autrement, « pour pouvoir donner corps à ses rêves, il faut avoir touché le fond ». Ce précepte, ils seront trois, colocataires d’un appartement londonien, à en faire l’expérience. Il y a là A.K. (Eugene Hutz, chanteur de Gogol Bordello), des rêves de rock star plein la tête mais, pour l’heure, gigolo SM un brin pathétique. Et puis Holly (Holly Weston), aspirante ballerine n’ayant, à défaut de mieux, d’autre ressource que peaufiner son talent dans un club de strip-tease. Et enfin Juliette (Vicky McClure) qui, dans l’attente d’une hypothétique mission au service des enfants africains, est employée dans une pharmacie, où elle tente laborieusement de rassembler des fonds, sous le regard concupiscent de son patron.

Ces trois personnages, la caméra de Madonna nous en fait partager les galères, accompagnant leurs pérégrinations dans un Londres underground suivant un dispositif qui, pour être répétitif et parfois distendu, n’en est pas moins souvent drôle. Obscénité et vertu multiplie en effet les incongruités et autres instants cocasses, échantillons de vie qu’il saupoudre d’un soupçon de transgression douce et de provoc gentillette (comme prévisible). Pour se révéler, au final, un film indie et fauché attachant jusque dans ses hésitations.

Madonna, puissance trois

On ne saurait, en tout cas, faire à la réalisatrice débutante le procès d’un manque de sincérité. Difficile, par ailleurs, de ne pas voir dans les protagonistes principaux du film trois déclinaisons de la personnalité de la Ciccone, nourries de différents éléments autobiographiques. Ce dont Madonna convient d’ailleurs sans se faire prier dans une interview figurant parmi les compléments du DVD, où elle évoque ses débuts , « à la fois excitants et déprimants ».

La chanteuse s’y attarde encore sur sa cinéphilie, où elle convoque aussi bien It’s a Wonderful Life de Capra, que Godard et la Nouvelle Vague, en passant par les maîtres italiens, de Visconti à Antonioni. De quoi baliser un parcours de réalisatrice qu’elle devrait étoffer prochainement d’un Blade to the Heat, long métrage situé dans le milieu de la boxe, après avoir assuré la production et la narration de I Am Because We Are de Nathan Rissman, documentaire sur les enfants du Malawi – la Material Girl semble bien loin…

Jean-François Pluijgers

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