Les plates-formes de financement alternatif du cinéma se multiplient sur la toile.

de Jean-François Pluijgers

Du Do It Yourself au Do It With Others, il n’y aurait donc finalement qu’un pas. Le Diwo, acronyme commode, c’est en effet la philosophie qui préside à IndieGoGo, une plate-forme sociale pour le cinéma indépendant – entendez un mode alternatif de financement du cinéma, à l’image de ce qui se pratique depuis belle lurette déjà pour la musique. Le principe est simple: un réalisateur en quête de fonds soumet un profil et un projet de film à la plate-forme, avec synopsis, originalité supposée, estimation de budget, équipe pressentie le cas échéant. Informations sur base desquelles les utilisateurs (soit vous, moi, le public donc) décident de participer (ou non) au financement du projet, et de se muer, ainsi en producteurs, divers incitants à la clé (lesquels peuvent aller, suivant le montant de la souscription, d’une mention au générique final à des invitations à la première mondiale du film, et on en passe).

Un modèle économique pour temps de crise

Finie, l’époque où la chaîne allait du producteur au consommateur; voici venu le temps du consommateur-producteur, se nourrissant notamment d’interactivité et de buzz – toutes qualités associées à la toile.

Apparu aux Etats-Unis à la veille de l’édition 2008 de Sundance, le concept a été inspiré aux fondateurs d’IndieGoGo par l’expérience d’ Iraq for Sale, un documentaire dont la dernière partie du financement avait été réunie suite à une souscription par email – quelque 3000 donateurs avaient alors contribué au budget à hauteur de plus de 300 000 dollars.

Forme de filmocratie directe, soutien à la réalisation de films indépendants pour et par les fans, en quelque sorte, le crowd-funding pourrait avoir de beaux jours devant lui – produit d’une philosophie différente, en même temps que modèle économique idoine pour temps de crise. Du reste, les exemples se multiplient-ils, adoptant des contours divers: ainsi, par exemple, A Swarm of Angels, projet de film collaboratif, dont le concepteur espère réunir 50 000 souscripteurs – communauté qui aurait notamment le choix du scénario.

Les producteurs internautes d’ Alice au pays s’émerveille de Marie-Eve Signeyrole détournent, pour leur part, un slogan qui fit florès en son temps: « comme tout le monde, on n’a pas d’argent, mais on a des idées ». Se mettant littéralement à nu, ils ont, à ce jour, réuni quelque 35 000 euros pour un court-métrage avec Emir Kusturica. Lequel en connaît, il est vrai, un bout en matière d’ Underground…

u www.indiegogo.comu www.iraqforsale.orgu www.aswarmofangels.comu www.alice-film.fr

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