Fille de joie

De Kiyoko Murata, Éditions Actes Sud, 272 pages.

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Tokyo, au tournant du siècle dernier. Une très jeune fille de pêcheurs d’Iojima, île du sud de l’Archipel, est vendue à un couple de proxénètes du quartier réservé. Ichi va être sexuellement éduquée, va apprendre à se tenir, marcher, s’habiller… Bref à recevoir les clients qui lui permettront de rembourser la dette que ses parents ont contractée auprès des tenanciers du bordel où elle a atterri. Une « maison » de luxe qui s’honore de quelques prostituées de haut rang, auprès desquelles les très jeunes filles comme Ichi apprennent leur art. La tradition de soumission de ce « monde flottant » semble partie pour durer pendant cette ère Meiji synonyme de l’industrialisation du Japon. Mais l’écho des premiers mouvements sociaux atteint le seuil de cette « cité interdite » qui voit Mlle Tetsuko, l’enseignante chargée d’apprendre à lire et à écrire aux jeunes recrues contribuant ainsi aux raffinements des futures geishas, leur distiller un esprit de résistance les poussant subrepticement à utiliser non seulement leur corps mais aussi leur esprit comme moyen de défense. Grande dame des lettres japonaises, Kiyoko Murata (son livre Le Chaudron fut adapté par Kurosawa sous le titre Rhapsodie en août) décrit avec délicatesse, dans un style épuré, le combat soyeux de ces femmes en kimono traitées comme du bétail humain.

B.R.

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