Festivals : les poids lourds se déclinent et l’offre explose

Après le TW Classic et le Boutique, voici le Core. La famille Werchter s’agrandit. © belga image
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Core, Atom, Hear Hear… Les poids lourds de l’été festivalier se démultiplient et varient les plaisirs.

Le Core au parc d’Osseghem pour Tomorrowland et Rock Werchter. Hear Hear à Kiewit pour les organisateurs du Pukkelpop. Ou encore l’Atom au pied de l’Atomium, du 19 au 21 août, pour l’équipe des Ardentes en collaboration avec Back in the Dayz et Hangar. Les grands opérateurs du paysage festivalier belge marquent leur territoire. Tous ont organisé au printemps ou inaugureront cet été un nouvel événement. C’est bien simple: de mi-mai à fin août, entre Garnizoen, Werchter Classic, Werchter Boutique, Ronquières et compagnie, vous pourriez passer tous vos week-ends dans des festoches programmés par les équipes d’Herman Schueremans, de Chokri Mahassine et de Fabrice Lamproye. Expansion? Diversification? Vampirisation? “ Les organisateurs de Rock Werchter et Tomorrowland collaborent régulièrement à plus petite échelle (par exemple: Garden of Madness, KNTXT, Swedish House Mafia). Durant la pandémie, nous avons eu le temps de penser à l’avenir et à de nouvelles initiatives, explique, par écrit, Live Nation Belgique, qui se réjouit d’avoir pu “transformer l’un des plus beaux endroits de la capitale européenne en une oasis des sons les plus tendance”. “ La Belgique est un pays de festivals, c’est dans nos gènes. Et Core enrichira le paysage. Nous pensons que cet événement a sa place, compte tenu du site qui l’accueille, de sa programmation et de son contenu.

Live Nation aurait dû fêter une autre naissance, celle du Rock Werchter Encore. Mais initialement prévu le 26 juin, il a été annulé à cause des mauvaises ventes de billets et est finalement venu se greffer sur TW Classic. “Ces deux derniers étés, il a fait bien calme et silencieux dans le Festivalpark. Rock Werchter et Werchter Boutique affichaient complet plus tôt que jamais…Rock Werchter Encore devait être une journée supplémentaire. Un tour de chauffe pour célébrer le retour des festivals. Il aurait dû réunir quelque 25 000 festivaliers. Vu le contexte, la meilleure option était de revoir le projet.” Il a dès lors fusionné avec TW Classic, qui se déroulera non pas sur une mais sur trois scènes, le prix des tickets pour le Classic restant inchangé et ceux du Encore devenant valables pour sa version XL.

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Renforcement de la marque? Rentabilisation de l’infrastructure? “ Nous nous sommes constitué un public fidèle au fil des ans, attiré par le rapport qualité-prix que nous garantissons. En 2002, nous avons lancé TW Classic pour un groupe cible légèrement plus âgé et plus large que celui de Rock Werchter. Plus tard, Werchter Boutique, qui se concentre davantage sur la musique pop, a été ajouté à notre offre. Ces deux festivals ont désormais une belle tradition. L’organisation de festivals est une opération coûteuse. Nous pouvons répartir les coûts de production et d’infrastructure sur les trois événements.

Offre pléthorique

Si les affiches des différentes déclinaisons werchteriennes sont relativement interchangeables, ce n’est pas le cas des Ardentes, qui se sont focalisées sur les musiques urbaines après des années de tâtonnement, et de Ronquières, destiné au grand public. “ À Ronquières, on a été contacté par des locaux qui avaient un site et qui voulaient proposer un événement généraliste, familial dans le Hainaut, retrace Fabrice Lamproye. Atom, qui est un mélange d’urbain et d’électronique, est aussi le fruit de réflexion avec des partenaires. On n’a pas joué sur le nom des Ardentes: on voulait que ce petit frère, cette petite sœur ait une identité bruxelloise, une identité liée à son cadre. On vit un été particulier après cette fameuse crise sanitaire. On constate une multiplication significative des événements en Europe. La création de festivals de toutes tailles.” Après deux années de chômage technique, les artistes sont demandeurs. On n’a jamais vu autant de groupes sur les routes qu’en 2022. “ En tout cas, ils veulent jouer à crever. Alors qu’avant, ils se seraient limités à une date sur le territoire belge, ils sont désormais prêts à les enchaîner.

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On parlait du Hear Hear depuis un petit temps déjà et puis il y a eu le coronavirus, explique Frederik Luyten, press et media manager du Pukkelpop. Beaucoup voulaient jouer cet été et on n’aurait pas pu intégrer dans l’affiche du Pukkel tout ce qu’on aurait désiré. Hear Hear est axé indie, alternatif et guitares. Ces dernières années, le Pukkelpop est devenu plus jeune, plus hip-hop, plus électronique et nos fans de la première heure ne s’y sentaient parfois plus trop à leur place.

Avec des têtes d’affiche comme Editors, les Pixies et Liam Gallagher, des artistes comme Parquet Courts, Squid, Thurston Moore et les Girls Against Boys, Hear Hear cible un public plus âgé. Disons quelque part entre 25 et 55 ans.On continue de proposer du rock au Pukkelpop. Et le but n’est pas de l’en vider. On va continuer à y jouer la carte de la diversité. Mais on est partants sur des événements plus petits et plus spécialisés comme le Garnizoen, branché électro et techno, qu’on a organisé fin mai à Beringen.

La hausse des prix généralisée (oui, on peut parler de crise) et le foisonnement de l’offre mèneront-ils à une re-spécialisation des festivals après des années de grand brassage ? “ J’imagine que ça fait réfléchir, poursuit Luyten. Les music lovers font attention à leurs choix en tout cas.” Ils en ont l’embarras et cherchent des affiches qui leur correspondent. La dimension financière s’en mêle. “ Les cachets des artistes ont grimpé et tu ne peux pas tout répercuter sur le prix des tickets. Répartir les frais d’organisation sur plusieurs événements, c’est du management intelligent. Avec Hear Hear, on vise 20 000 spectateurs et je suis plutôt confiant. Mais un festival, ça s’installe dans le temps.”

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