Feminicid

Pour le deuxième tome de ses Chroniques de Mertvecgorod –après Images de la fin du monde l’an dernier , qu’il sera tout a fait envisageable (mais dommage) de lire indépendamment l’un de l’autre, Christophe Siébert replonge son lecteur dans les affres méphitiques et le cauchemar autocratique d’une ancienne république soviétique, née d’un cerveau d’écrivain où l’optimisme grelotte souffreteux, tapi à l’ombre d’un stock de déchets nucléaires abandonnés à proximité immédiate d’un apocalyptique charnier. On suivra ici l’enquête, dénichée post mortem, d’un journaliste vraisemblablement « suicidé » à l’ancienne, sur une impressionnante vague de meurtres barbares de femmes de basse extraction, orchestrée par plusieurs candidats possibles: vieux oligarques et dignitaires pervertis jusqu’à l’os ou adorateurs d’une secte crypto-sataniste mêlant mysticisme fou et impunité structurelle? « Simples » trafiquants véreux ou ressortissants d’un lumpenprolétariat entassés dans des bidonvilles à croissance tumorale? Si, l’enquête avançant, on ne sait plus trop où donner de la tête tant plus rien ne semble tenir dans cette anomie grimée État, tant l’arbre abject cache l’insoutenable forêt, l’ensemble bénéficie fort heureusement du talent narratif et de la langue unique de Siébert, plus sombrement lumineux que jamais.

De Christophe Siébert, éditions Au Diable Vauvert, 384 pages.

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