FÉLICIE HAYMOZ A RÉALISÉ POUR LE YÉTI UN CLIP NOIR ET BLANC ONIRIQUE QUI EST AUSSI UN COURT MÉTRAGE. DÉCRYPTAGE D’UNE AVENTURE PANEUROPÉENNE DE L’IMAGE FUTÉE.

Un bernard l’hermite qui transporte des perles, un mec en pyjama rayé qui ne dort pas la nuit, du noir et du blanc tourné en vieux 16 mm, et bien sûr une chanson, Je maudis la nuit: c’est le fond de commerce d’une première vidéo combinant images films et animation, signée d’une jeune artiste fribourgeoise de 30 ans, domiciliée à Ixelles. Félicie Haymoz, version porcelaine des fatales hitchcockiennes, a déjà un CV parfumé: diplômée des Beaux-arts de Bruxelles, elle a contribué comme lead character design au film d’animation de Wes Anderson, Fantastic Mr Fox. Après avoir dessiné des tonnes de renards, elle (re)croise le chemin de Thierry De Brouwer alias Le Yéti:  » Je le connaissais pour avoir été dans le même groupe, Hank Harry. Après le projet Wes Anderson, j’étais à New York, me demandant ce que j’allais faire: le morceau du Yéti a développé tout un imaginaire en moi, me donnant envie de dessiner. C’était en 2008 mais tout a pris tellement de temps que le clip et le court métrage sortent finalement en même temps que l’album du Yéti! » D’emblée, se pose la vieille question névrotique, celle de l’argent: la Communauté française accorde généreusement 4 000 euros pour un projet de clip alors que l’idée du court mûrit déjà.  » Mon projet dépassait les 4 minutes 30 du clip donc je suis allée vers un court métrage, me retrouvant avec un film muet sur lequel je devais faire des bruitages et chercher une musique originale, différente du Yéti.  » Résumons: alors que Félicie cherche du fric pour son mini-film -essentiellement en Suisse où elle dégotte pas loin de 70 000 euros-, elle embauche le chanteur compositeur du Yéti, Thierry De Brouwer, comme « acteur » principal du clip-film.  » Au final, le format du clip m’a complètement débridée même si je me suis imposée des contraintes techniques.  » Félicie snobe le format vidéo et fantasme sur le film: elle embauche un cameraman qui tourne sur une Bolex en 16 mm reversal ( l’équivalent de la dia par rapport au négatif, ndlr). Le seul laboratoire européen qui s’occupe encore de ce type de pellicule se trouve à Berlin:  » Je leur ai donc envoyé les 20 bobines de films par la poste (…) et donc, jusqu’au moment de voir le résultat, à Bruxelles, je n’avais aucune idée de ce que cela donnerait.  » Le résultat en question ressemble à du Méliès de l’âge digital: il aura nécessité 3 semaines de montage des décors et de tournage studio en Suisse, 2 jours de shooting à la mer du Nord et de longues semaines de post-production.  » C’est clair que par rapport aux conditions d’autres clips, celles-ci sont assez exceptionnelles », conclut Félicie devant son thé. Là, elle aimerait embarquer pour d’autres projets, comme le VJing, un autre court et même un clip supplémentaire. Vive la Suisse libre?

WWW.FELICIEHAYMOZ.COM, CLIP VISIBLE SUR YOUTUBE.

PH.C.

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