Farce majeure

Comment claquer un million de dollars par jour
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

UN CARRÉ D’AS DE COMÉDIES SATIRIQUES PRODUITES PAR UNIVERSAL REVIENT JOLIMENT TITILLER NOS ZYGOMATIQUES.

Mon « Beau » légionnaire (1977)

La Bible ne fait pas le moine (1980)

Comment claquer un million de dollars par jour (1985)

Cheeseburger Film Sandwich (1987)

8

Du slapstick de l’époque muette au trash « adulescent » façon Judd Apatow, la comédie n’a jamais perdu ses droits à Hollywood, déclinant ses pouvoirs hilarants de diverses manières sans jamais oublier l’élément satirique, celui qui la relie à la société et lui donne un potentiel explosif supplémentaire. Ces quatre films produits par le puissant studio Universal entre 1977 et 1987 et qu’une édition en Blu-ray bienvenue nous remet aujourd’hui sous les yeux, ont en commun la satire sociale mais aussi un sens inventif de l’absurde et un clair lien avec la veine burlesque des origines. Chronologiquement, le programme commence avec deux films écrits, réalisés et joués par… un Anglais! Vedette de la télé britannique où il avait débuté avec les futurs Monty Python Graham Chapman et John Cleese avant de triompher dans son propre programme (Marty),Marty Feldman avait traversé l’Atlantique à l’invitation de Mel Brooks. Génial Igor du non moins génial Young Frankenstein en 1974, le Londonien aux longs cheveux frisés et aux yeux globuleux (1) avait confirmé dans The Adventures of Sherlock Holmes’ Smarter Brother (de Gene Wilder) puis dans Silent Movie (de Mel Brooks encore). Universal lui donnant ensuite carte blanche pour deux films où son délire pouvait s’exprimer pleinement.

L’armée et le colonialisme dans The Last Remake of Beau Geste (Mon « Beau » légionnaire), la religion et les télévangélistes profiteurs dans In God We Trust (La Bible ne fait pas le moine) sont les cibles successives d’un Feldman alliant le mordant de la satire et une candeur poétique corrigée d’aimable obsession sexuelle. On savoure ce double rappel des exploits comiques d’un artiste injustement oublié après sa mort prématurée, d’une crise cardiaque, en 1982 et à 48 ans seulement. Richard Pryor semble bien loin aussi, lui qui cartonna pourtant spectaculairement dès le milieu des années 70 avec Car Wash et Transamerica Express. Marty Feldman lui fit incarner… Dieu dans La Bible ne fait pas le moine, mais c’est dans Brewster’s Millions (Comment claquer un million de dollars par jour) que son énergie comique se libère totalement. Il y joue un aimable loser qui doit, afin d’hériter de 300 millions, en dépenser 30 en 30 jours, sans conserver aucune possession au terme de l’épreuve. Un défi prétexte à une satire mouvementée de l’obsession de la richesse et la célébrité médiatique à double tranchant. De la politique, aussi. Atteint d’une maladie rare et dégénérative, Pryor dut bientôt s’effacer au profit d’Eddie Murphy. Mais il faut le voir se déchaîner! Comme il faut revisiter aussi Amazon Women on the Moon (Cheeseburger Film Sandwich), le film à sketchs concocté par John Landis et quelques joyeux complices dont l’inoxydable Joe Dante. Le racisme, l’hypocrisie face au sexe et -encore- la religion constituent les cibles d’un humour qui fait toujours mouche aujourd’hui!

(1) CONSÉQUENCE DE LA MALADIE DE BASEDOW.

LOUIS DANVERS

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