Les stars du moment ne font pas vraiment rêver. Le public s’y identifie pourtant. Dernier buzz en date: Cindy Sander.

Le 4 juin dernier, Cindy Sander était à Bruxelles pour une journée de promo sans temps morts. Toute la presse, toute, s’était ruée sur les poignées de minutes qu’on voulait bien lui accorder avec la star du moment. Et toute la presse, toute, avait tremblé quand le matin même, la nouvelle s’était répandue: Cindy Sander était introuvable. Son Thalys était arrivé Gare du Midi, mais la recalée de la Nouvelle Star s’était évaporée. Angoisse, puis délivrance: l’esthéticienne alsacienne a finalement été retrouvée. Elle se tapait juste un Quick, et n’avait visiblement pas configuré sa carte prépayée pour recevoir des appels de l’étranger.

L’anecdote est révélatrice: bah oui, Cindy, elle est comme nous. ‘Fin, plutôt comme notre cousine, celle dont on se moque gentiment, trop maquillée, qui parle trop fort. Cindy continue à travailler un jour par semaine dans son institut, « à la chaîne, certains sont prêts à n’importe quoi pour que je les manucure ». Pas folle, elle s’aménage un filet de sécurité, au cas où. « Mais j’aimerais profiter de la chanson, arrêter les ongles ». Elle a sorti un single dance Papillon de lumière, qui fonctionne honorablement. Aimerait bien s’entourer de Goldman et Barbelivien pour son album. Cindy a plein de rêves, et s’étonne de ne plus pouvoir se faire un resto tranquille sans être assaillie par les « fans », « alors je prends avec moi mes cartes et mon petit marqueur ». Incroyable buzz autour d’une fille très banale. Une « girl next door », une chanteuse de braderie à la prestation ringarde lors d’un casting, propulsée sous les projecteurs à coups de commentaires persifleurs.

RIRE ET AIMER

Le plus dingue dans cette histoire, c’est que si la boulotte a commencé par faire rire d’elle, elle commence à être réellement appréciée. Les gamins veulent son autographe, sa chanson fait remuer du popotin dans les soirées, Cindy pose dénudée dans Newlook, on parle parfois d’elle comme d’une nouvelle icône gay…

Un phénomène symptomatique: la foule sentimentale a envie qu’on lui tende un miroir. Sinon, comment comprendre le succès étonnant de la fable Bienvenue chez les Ch’tis? Où Monsieur Tout-le-monde X rencontre Monsieur Tout-le-monde Y, pour un choc des civilisations comme on en a tous vécus. Amélie Poulain avait ouvert la valse des films, livres, £uvres, qui célèbrent au microscope les choses du quotidien. Depuis, on s’est délecté des aventures d’un quatuor de paumés dans Ensemble, c’est tout, d’Anna Gavalda. L’auteure a utilisé le même filon dans sa dernière brique, La consolante, où elle tire en longueur des histoires de potagers, de gosses aux mains sales, de quadras fatigués et de menus plaisirs. Au fond, pourquoi pas? Ça fait du bien, parfois. Mais quand même, faudrait pas oublier de mettre en lumière les vrais papillons.

DE MYRIAM LEROY

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