Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Combinaison gagnante – Vrai ou faux héritier de Blur, Esser a la nonchalance de Beck, la fraîcheur de Lily Allen et l’accent de Mike Skinner. Son premier album pourrait devenir la BO de l’été.

« Braveface »

Distribué par Transgressive Records.

You know it is hard to please a woman. She will put you on your knees and make you cry. And even when you say I love you , she is still not satisfied. She’s never satisfied, however hard I try. She never satisfied.  » Certes, ça peut sembler macho. Mais rien que pour ces quelques lignes, on décernerait bien à Esser un diplôme en psychologie féminine. A 23 ans à peine, Ben est expert en relations amoureuses. Un peu Caliméro peut-être. Mais expert tout de même. « A priori, je parle de relations humaines. Pas nécessairement des comportements et des sentiments qui lient les hommes et les femmes, précise le jeune Anglais devant un café. Je n’invente rien. La pop et le folk ont de tout temps raconté les gens. »

London Calling

Ben baigne dans la musique depuis qu’il est tout gamin. Il grandit en écoutant les disques de son père, musicien de jazz qui se passionne autant pour la soul que pour le reggae. Grâce aux albums du paternel, souvent samplés, il commence à s’intéresser à l’électro et au hip hop. « En même temps, le rap et la musique électronique me permettaient de redécouvrir des tas de vieux machins. »

Avant de devenir le batteur des inconnus Ladyfuzz, de collaborer avec Paul Epworth (Primal Scream, Rapture, Rakes…) et de produire des démos pour Fryars, Ben commence par interpréter des reprises des Beatles et des Blues Brothers dans des camps de vacances. « Je viens de Chelmsford, dans l’Essex. Un patelin paumé dans les rues duquel je me battais contre l’ennui. J’ai passé mon adolescence dans le train qui menait à Londres. Du moins quand je ne ratais pas le dernier. Obligé alors de pieuter à la gare ou de glander toute la nuit dans la capitale. J’ai toujours perçu la musique comme un moyen de m’évader. » Esser n’échappera pas aux étiquettes mais celles qu’on colle sur son front dégagé par une étrange coupe pot de fleur lui promettent un grand avenir. Il y a chez lui une pointe de Beck dans la nonchalance, le goût du bricolage et un côté franchement touche-à-tout. Il y a aussi une bonne dose du Blur des débuts comme le laisse entrevoir Leaving Town. Titre d’ouverture d’un premier disque redoutable d’efficacité. « Je n’étais pas très britpop. J’ai peu écouté le groupe de Damon Albarn (qui vient comme lui, Prodigy et Depeche Mode de l’Essex), assure-t-il. Par contre, nous partageons visiblement certaines influences. »

Court (10 chansons, 34 minutes 38), Braveface est un album attirant et attrayant, jovial et jouissif, dont l’accent cockney prononcé ferait pâlir des artistes londoniens déjà pas très bronzés. Les 2 Many DJ’s ont playlisté le single Headlock et son remuant final tandis que Cee-Lo (la « grosse » moitié de Gnarls Barkley) aurait enrôlé le prodige pour la production de son prochain album solo. Voilà encore un lascar pour qui les prochains mois s’annoncent chargés. Pas de vacances pour les vrais gars.

www.esserhq.com www.myspace.com/esserhq

Julien Broquet

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