Encore une journée divine

De texte vif en roman court, Denis Michelis confirme, depuis La chance que tu as, un goût marqué pour les relations familiales compliquées, les cadres quotidiens flanqués par terre par le dérèglement… mais aussi pour une langue grinçante, railleuse en finesse, cruelle en retenue. Ici vocifère et s’emporte un ancien ponte de la psychanalyse, qui constituera l’unique voix du récit. Un jour après l’autre, soit le monologue gouleyant d’un ancien praticien -désormais cantonné aux quatre murs de la chambre d’une institution psychiatrique-, adressé à son médecin muet autant qu’à la discrète présence de  » Madame l’infirmière« . Qu’a-t-il bien pu faire pour se retrouver là, sorte d’arroseur arrosé de l’emprise clinicienne? On l’apprendra par bribes. Apparemment auteur d’un best-seller de développement personnel au titre aussi niais que définitif – Changer le monde-, il décide un jour, piqué par la visite faustienne d’un  » jeune homme et son attaché-case« , de renier viscéralement tout ce qui le constituait en tant qu’érudit apprécié, pour basculer dans le culte de l’action radicale, irréfléchie et inconséquente. Cédant, ainsi, à une forme délirante de trumpisation du monde, il sème dès lors le trouble sur son passage: frère, belle-soeur, éditeur, patients… Son environnement tout entier devient le terrain de jeu de ses humeurs -pour le pire, bien entendu. D’envolées délirantes en jugements pertinents sur la littérature ou la famille, le lecteur se délectera de cette forme aboutie de polar névrotique.

De Denis Michelis, éditions Noir sur Blanc/Notabilia, 208 pages.

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