Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.25 RTL TVI

COMÉDIE DE JUDD APATOW. AVEC SETH ROGEN, KATHERINE HEIGL, PAUL RUDD. 2007

K nocked Up, c’est l’une des plus grandes impostures de la décennie filmographique. Mais à l’envers -dans le bon sens si l’on veut: combien de fois n’avons-nous pas snobé, au vidéoclub, En cloque, mode d’emploi, juste parce que son abominable titre français laissait craindre un sous- American Pie? Or, le deuxième film de Judd Apatow -après le très réussi, mais à l’intitulé tout aussi improbable, 40 ans toujours puceau- est tout ce qu’ American Pie aurait dû être. Et tout ce qu’il sera d’ailleurs un an après Knocked Up, avec l’hilarant Superbad, scénarisé par Seth Rogen et produit par Apatow: vulgaire, potache, mais surtout drôle, tendre, fin et superbement déroulé à la fois par le talent d’écriture et d’improvisation qui caractérise l’écurie Apatow.

Le scénario démarre là où d’autres se concluent: Allison (la délicieuse Katherine Grey’s Anatomy Heigl), magnifique plante de bonne éducation, fête sa promotion en boîte où, l’alcool aidant, elle rencontre Ben (Seth Rogen, génie canadien à crolles; quand Alison lui demande quelle crème il utilise pour avoir de si belles boucles, il répond: « Du juif! »), sorte d’ours rigolo et glandouilleur qu’elle finit par ramener à la maison. Sur un malentendu, le duo oublie alors de sortir couvert au moment X: madame Ovule et monsieur Spermatozoïde se la jouent love to love et forcent Allison, qui avait zappé Ben, à le rechercher parmi ses potes marginaux…

POTACHERIE ET IMPROVISATION

Evidemment, c’est une comédie romantique et il ne faut pas s’attendre à ce que les deux héros, antithèses l’un de l’autre, s’éviscèrent après 90 minutes. Mais Judd Apatow parvient à détourner les codes du genre pour livrer l’une des plus amusantes, mais également des plus touchantes traversées humoristico-amoureuses de ces dernières années. Notamment parce que, comme dans tous ses films, l’amitié est au moins aussi centrale que l’amour… Depuis qu’il touche également, en tant que producteur, aux comédies de Will Farell, Apatow règne quasiment sans partage sur le (bon) cinéma comique américain contemporain. Lequel enfante de véritables perles d’humour tel ce Knocked up ou encore, toujours avec cette combinaison imparable de potacherie et de finesse d’improvisation, The Anchorman, Role Models ou Step Brother. Des acteurs comme Paul Rudd, Jonah Hill, Chritsopher Mintz-Plasse ou un retrouvé Adam Sandler (formidable dans Funny People) alimentent de leur folie les pelotes de laine écrites par Apatow. Figure de proue de cette nouvelle vague, Seth Rogen, qui est de tous les combats « apatowiens », se façonne progressivement un personnage aussi graveleux qu’attachant, aussi fin qu’il est grassouillet: une sorte d’anti-Woody Allen, mais que sa jeunesse et sa créativité pourraient mener sur les sentiers du maître.

Guy Verstraeten

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