Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

L’histoire sans fin – Mark Oliver Everett consacre End Times, le huitième album d’Eels, à son divorce et au vieillissement. Youpie, c’est la fête…

« End Times »

Distribué par V2.

Beaucoup de musiciens prétendent qu’il est facile de se lamenter, d’essuyer des larmes sur sa guitare et d’écrire des chansons qui font pleurer dans les chaumières. A y écouter de plus près, Mark Oliver Everett semble tout de même posséder un talent tout particulier pour titiller les c£urs déchirés par la vie et ses pas toujours très heureux rebondissements.

En 1998 déjà, Electro-Shock Blues, le deuxième album d’Eels, sorte de thérapie personnelle, broie méchamment du noir. Et ce n’est pas de la pose de songwriter adolescent faussement tourmenté secoué parce que sa voisine l’a plaqué après 2 jours ou parce que personne ne comprend qu’il ne veut plus aller en vacances avec ses parents. E avait seulement 19 ans quand son père est décédé. Sa s£ur s’est suicidée peu de temps après la sortie de Beautiful Freak. Et sa mère, à l’époque, est atteinte d’un cancer. Phase terminale. Phase plombée.

 » Je doute que les gens puissent chantonner facilement des chansons qui parlent d’hôpital et de mort, déclarait-il aux Inrockuptibles à l’époque. Mais la vie est parfois une expérience horrible et ce disque est une manière – sans doute très vaine – de prétendre que je contrôle ce qui m’arrive. Ces chansons me permettent de canaliser et de contrôler ce que je ressens. Il est peut-être difficile d’y entrer pour les autres, elles ont pour moi quelque chose de très positif. »

Dans son autobiographie, Things the Grandchildren should know, E évoquait encore l’amour qui se perd et les relations qui foirent. A travers End Times, il nous raconte aujourd’hui les affres de la séparation et chante que son ex-femme lui manque ( Little Bird). En fait, le huitième album d’Eels est un peu au divorce ce qu’ Electro-Shock Blues était au deuil. Un disque mélancolique qui fait se côtoyer rage, confusion, dépression et solitude.

Blues orageux et ballades dépressives

Si Everett avait mis 4 ans pour accoucher d’ Hombre Lobo, 12 chansons saturées de désir écrites du point de vue d’un personnage imaginaire et enregistrées avec un groupe (un disque il faut bien l’avouer pas inoubliable), son successeur, End Times, lui a pris à peine 6 mois. A été mis en boîte pratiquement tout seul et parle de la vraie vie. La sienne. Puis comme pour ajouter encore une petite touche de claustrophobie, il a été en majeure partie enregistré dans le studio installé au sous-sol de sa résidence californienne. Alors évidemment, c’est pas tout rose tout rose. Et si les blues orageux ( Gone Man, Unhinged) sont plus craquants que les ballades pour dépressifs, on ne reprochera pas à l’handicapé affectif de se soigner en musique. Car End Times, c’est sans doute bien mieux pour E que 10 séances chez le psy.  » Je suis sûr en plus que ce disque peut être utile à d’autres, à tous ceux qui ont vécu des expériences similaires et qui cherchent encore comment en sortir« , estimait-il il y a 10 ans. La vie est un éternel recommencement…

www.myspace.com/eels

Julien Broquet

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