Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Edward aux mains d’argent – Le chanteur d’Ima Robot a vu la lumière, changé de nom et viré hippie. Comme si Arcade Fire se la jouait flower power… Lumineux.

« Up from below »

Distribué par Rough Trade.

Avant de devenir chanteur, Alex Ebert rêvait d’être rappeur. Maintenant qu’il se fait appeler Edward Sharpe, le Californien qu’on pensait punk dans l’âme a tourné hippie. Une sorte de messie barbu à longs poils qui se promène torse nu à travers le monde entouré de ses disciples mélomanes, les Magnetic Zeros. Un songwriter qui prône l’amour et l’espoir, espère transcender en musique la douleur et l’obscurité.

Premier album de sa secte folk rock sorti il y a de cela quelques semaines, Up from below est le disque idéal pour célébrer les 40 ans de Woodstock sans monter dépoussiérer les vieux vinyles au grenier. Douze hurluberlus sifflent, chantent en c£ur, tapent du pied et frappent dans les mains en faisant tourner grattes acoustiques, piano, trompette, violon, percussions et accordéon. On s’imagine les joyeux lurons avec des bandeaux sur la tête, des cheveux jusqu’aux épaules autour d’un bon vieux feu de camp. On les voit ancêtres d’Arcade Fire ( 40 Day Dream), cousins hippies de Ray Davies et des Kinks, frangins heureux d’Anton Newcombe et du Brian Jonestown Massacre.

« Je me noyais dans le fond de l’océan. J’ai réussi à remonter à la surface. A sortir la tête de l’eau. Et j’ai vu Jade qui dansait sur la rive, image Ebert pour retracer l’histoire de son improbable projet . On s’est donné la main et avec Christian, que je connais depuis l’âge de 3 ans, nous avons décidé de faire de la musique ensemble. » Simple et beau comme une promenade dans les champs, une fleur derrière l’oreille.

Effet Magnetic

Après 10 années d’existence et 2 albums remuants, Alex Ebert, gentil illuminé, a donc éteint Ima Robot, sa machine punk pour dancefloors. « Je me suis rendu compte que je n’étais plus moi mais un poseur, une rock star. » Alors, il a réorganisé sa vie. Tout laissé tomber pour redécouvrir sa vraie nature. Il a rencontré des guides spirituels. S’est adonné à la méditation et à la prière. « Mais sans religion organisée, insiste-t-il. En fait, j’ai réalisé que je voulais être heureux. Que la joie est cool. Pas stupide. Qu’il est ridicule d’étouffer son bonheur. Que je préfère sourire sur scène que de jouer au petit punk fâché et en colère. »

Avec ses Magnetic Zeros, Edward a mis 2 ans pour enregistrer, dans la maison d’Aaron (basse/percussion) et Nicolo (guitare/clavier), ce fameux premier album, Up from below, destiné à égayer la fin de l’année. « Nous fumions de l’herbe et buvions du vin mais nous travaillions dur. Nous avons tissé des liens, appris à nous connaître, pour représenter en quelque sorte aujourd’hui une utopie. » Une célébration de la performance musicale communautaire et familiale qu’incarnent avec eux les Polyphonic Spree ou les plus anecdotiques I’m from Barcelona.

Come in please rend hommage aux hurlements de Sympathy for the devil. Kisses over Babylon sonne comme la B.O. du Bon, La Brute et Le Truand. Devendra Banhart n’est pas loin. George Harrison non plus. Et pourtant, toutes ces références appuyées n’ont rien d’encombrant. Edward Sharpe en sourit. L’homme nouveau qu’il est devenu en a fini de se tracasser avec des futilités.

www.myspace.com/edwardsharpe

Julien Broquet

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