Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Les Lego de Diplo – Producteur hyper demandÉ, Diplo sort un album proposant quelques-uns de ses plus fameux remixes. De Bloc Party À Hot Chip. Une jolie carte de visite.

« Decent Work For Decent Pay »

DistribuÉ par Big Dada/Pias.Y a du monde sur le dancefloor! Littéralement. Aujourd’hui, la piste de danse est en effet devenue globale. One nation under a groove, insistait George Clinton, grand prêtre funk. C’est plus que jamais la tendance de ces dernières années. Les clubs occidentaux tendent de plus en plus l’oreille vers l' »extérieur ». Non pas qu’ils aient été bornés jusque-là: après tout, le Soul Makossa de Manu Dibango est un des premiers classiques de la scène disco new-yorkaise, et la no-wave qui a suivi a largement inauguré la fusion des genres. L’échange a cependant changé de nature aujourd’hui. Surtout, la palette a tendance à s’élargir, que le beat vienne d’Afrique du Sud, du Sri Lanka ou du Brésil.

Favelas

Diplo est un de ceux qui incarnent le mieux ce mouvement. Né Wesley Pentz, le DJ/producteur basé à Philadelphie s’est notamment fait connaître pour ses larges emprunts au baile funk, musique électronique crue issue des favelas de Rio. Si celle-ci a aujourd’hui intégré la culture pop mondiale, elle le doit en partie à Diplo, grand prosélyte du genre. En retour, elle a permis à Pentz de se faire rapidement remarquer. Et de devenir ainsi un des producteurs les plus courus du moment. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le nombre de demandes de remixes qui se sont accumulées sur son bureau ces quatre dernières années: de Radiohead à Daft Punk en passant par Kanye West ou Justin Timberlake. Même les Beatles sont passés entre ses mains. Pas certain que le bonhomme se souvienne encore de tous les boutons qu’il a tournés, et qu’il ne mélange pas dans sa tête les milliers de pistes qu’il a dû mixer dans tous les sens. C’est d’ailleurs un peu comme ça que fonctionne sa dernière livraison, plaidoyer transgenres. Decent Work For Decent Pay est un grand mélange, réunissant en une quinzaine de titres remixés tout et son contraire – Bloc Party et les Black Lips, le Young Folks de Peter Bjorn & John et le hip-hop électro de Spank Rock… A côté de ces relectures, le disque reprend également une série de productions propres (pour Kano et Bonde Do Rolê) ainsi que des morceaux issus des sessions du premier album de Diplo, Florida, sorti en 2004.

Le bonhomme avoue volontiers ne pas avoir suivi la sélection de près, laissant man£uvrer le label. Ce détachement n’empêche pas la bonne tenue d’ensemble. On retrouve de-ci, de-là son penchant pour les secousses du baile funk, mais la couleur n’est pas forcément dominante. Les idées ne manquent pas: certes minimale sur un titre comme le Paper Planes de M.I.A. (qu’il avait déjà produit à la base), son intervention est par contre décisive sur le Where Is Home? de Bloc Party, dont il ne reste plus grand-chose. Au-delà, ce qui compte ici est peut-être moins les remixes eux-mêmes que l’idée que tout peut passer à la moulinette électronique. Honnête ( decent… ), le disque offre ainsi un bon résumé de ce dont est capable le bonhomme: un son hypermoderne, décomplexé, et ne se prenant pas trop au sérieux.

www.myspace.com/diplo

Laurent Hoebrechts

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