Dieu-Denis ou le divin poulet

Alors que l’animal est célébré partout comme notre nouveau prochain, Dieu, pris de pitié pour la souffrance faite aux bêtes, se laisse convaincre de s’incarner une nouvelle fois… en poulet! Bien décidé à faire le buzz, pianotant à coups de bec sur les réseaux, Dieu-Denis, le Coquelet Suprême, prend la parole: « I have a dream… » Ses apôtres, la pédagogie à l’école, dans les médias et, à défaut, la puissance de la Loi éthique universelle auront raison des revendications des derniers « bouffeurs de viande ». « Bon, accouchez, on n’a pas l’éternité! » À l’image du gallinacé dont elle illustre les exploits (bagarre devant un KFC, siège de Rungis et autres crimes à la sauce tandoori), la farce bouffonne ne vole pas bien haut. Elle est même l’anti-thèse de l’excellent Le Procès du cochon où, partant d’un faits divers du temps jadis, Oscar Coop-Phane découpait avec une précision remarquable le théâtre de l’absurde et de la cruauté. Ici, c’est à coup de tututut, patati et patata, et autres cotcotcotcot, que l’auteur exprime le plein chant de sa fibre fantaisiste. Pour son éditeur, « Alexis Legayet tente de penser les questions majeures de son temps à travers des fictions romanesques à tendance loufoïde. »(sic) Ceux qui goûtent le néologisme en auront peut-être pour leur argent. Avec une grande frite?

D’Alexis Legayet, Éditions François Bourin, 200 pages.

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