Destroyer

« Labyrinthitis »

On a failli y croire. En ouvrant son nouvel album, le treizième d’une discographie entamée en 1996, avec un titre comme It’s In Your Heart Now, longue litanie prenante, Destroyer a pu faire penser qu’il avait abandonné son ironie habituelle au profit d’une écriture plus directe, se laissant même déborder par ses émotions. Cela semble encore être le cas en toute fin, sur The Last Song, comptine folk simplissime. Entre les deux, Dan Bejar, toujours seul à la barre de Destroyer, retrouve cependant vite ses tournures habituelles. Soit une faculté à pondre des morceaux pop souvent vicieux, piochant autant dans la new wave que dans le disco. Le tout chanté d’une voix vinaigrée (qui ressemble de plus en plus à celle de Neil Tennant des Pet Shop Boys), et qui contribue au flou artistique, voire à la sensation que Bejar vous mène volontiers en bateau. Ce qui n’est pas forcément déplaisant. Car les albums de Destroyer ne manquent jamais de mélodies majeures. C’est plus que jamais le cas avec Labyrinthitis, palais des glaces pop dans lequel on a adoré se perdre. D’abord parce que l’on ne s’y embête jamais. Un morceau comme June, par exemple, est une sorte de funk bancal, qui finit par déraper dans l’absurde, comme débordé par sa propre excentricité. Plus loin, Eat the Wine, Drink the Bread renvoie volontiers à une version romantique de New Order. Par petites touches, Bejar multiplie ainsi les décalages, à la fois accessible et insaisissable.

Distribué par Bella Union.

8

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