« Rattle and Lock »

DISTRIBUÉ PAR WARNER.

7

Le quatrième album solo de David Gilmour débute par un instru vaporeux qui fait penser à ces omelettes baveuses, où la matière flasque manque justement de saisie. Au deuxième titre, l’ex-Floyd prend le train: rien à voir avec la métronomie selon Kraftwerk, il s’agit de pop Thalys concoctée en empruntant le fameux et irritantgimmick sonore des annonces SNCF. Il faut donc attendre le troisième titre pour entendre la véritable tonalité du disque. Soit des chansons qui s’étirent selon un principe presque récurrent: la guitare acoustique et la voix crayeuse de Gilmour progressent dans un environnement orchestral, mélancolie à poing fermé. Un style qui a donné quelques moments essentiels du Floyd (Wish You Were Here), sans pour autant que le présent ne renoue pleinement avec les gloires passées. L’ensemble serait sans doute fastidieux si Gilmour n’avait la sincérité d’exprimer cette vie qui semble fuir ou se ralentir, l’âge progressant. Ce n’est pas sans réussites, ainsi du splendide A Boat Lies Waiting, où la guitare électrique en étoile filante est rejointe par les harmonies vocales de David Crosby et Graham Nash. Sinon, les amis du Floyd trouveront leur parcelle de bonheur dans In Any Tongue, poussé par l’orgue et la guitare à l’unisson planant, plus attendu que le jazzy saupoudré sur The Girl in the Yellow Dress. Une autre manière de convoquer le même spleen, persistant sur un disque qui se fait aimer doucement.

PH.C.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content