Maître d’ouvre du Brussels Electronic Music Festival, DJ Darko carbureà la curiosité. Présentation.

C’est le sprint final. A deux semaines de l’événement, Darko croise les doigts. Et surtout serre les dents. Il est passé 15 h, et le DJ se rabat sur un biscuit chocolaté. « Je n’ai pas encore eu le temps d’avaler quoi que ce soit aujourd’hui », avoue-t-il. Le pari qu’il s’est fixé est d’envergure: amener la musique électronique dans un lieu comme le palais des Beaux-Arts. « Je vois tellement de DJ autour de moi qui tournent en rond, jouant les mêmes disques depuis 15 ans. Alors moi aussi, je tourne en rond, mais j’essaie d’agrandir sa circonférence », sourit-il. Le long du mur, la collection de vinyles brasse large: l’intégrale de Prince, Joy Division, Bowie, Chico Buarque, The Cure, le Feline des Stranglers, « l’un de mes albums préférés »… Plus tard, il lance sur son laptop le film du concert de Carl Craig à la Cité de la musique, à Paris. « Mais ce qui passe en boucle pour l’instant dans la voiture, ce sont les Friendly Fires. «  Soit un groupe rock, aux refrains pop, et à la culture électronique: tout y est.

Clubbing alternatif

Le moteur de Darko? « La nouveauté. S’il y a un super film, une chouette expo, un concert, je me déplace, dans un rayon de 500 km. Je passe souvent par la Tate Gallery à Londres, par exemple. J’ai besoin de cette énergie, ça me nourrit. » Gamin, Alain Benisty, de son vrai nom (1971), était volontiers rêveur, taiseux. « L’anecdote classique de mes parents est de raconter qu’ils pouvaient descendre en voiture jusque dans le sud de la France, sans que je ne pipe un mot. » Dès 13 ans, il se met en fait à mixer. Une manière comme une autre de communiquer… « Même si je devais mettre pas mal d’eau dans mon vin. Je trouvais peu de gamins de mon âge qui écoutaient Front 242… » Après les secondaires, il entame des études d’ingénieur du son à l’IAD, mais, déçu par la nature des cours, laisse tomber après un an. Son activité de DJ prend le dessus. Dans le même temps, il embarque cependant dans l’aventure du Cyberthéâtre, cybercafé un poil mégalo avenue de la Toison d’Or, et dans celle du site web Nirvanet. Las, début des années 2000, la bulle Internet éclate. Fin du rêve cybernétique. Darko réinvestit la nuit bruxelloise, montant notamment à bord du paquebot des Halles de Schaerbeek. Il y trouve son surnom (rapport au film Donnie Darco et à son look) et un nouvel élan dans des opérations comme celles de la Nuit blanche. En 2003, il lance ainsi ses propres soirées Statik, au Recyclart. « Dès la deuxième, avec Michael Mayer en guest, on a rempli le lieu. Encore aujourd’hui, cela reste une de mes meilleures soirées. Au départ, on était parti sur une collaboration de 2 ans. Finalement, l’aventure en a duré quatre. «  En quête d’un nouvel endroit, Darko frappe à la porte du Bozar. « Je savais que certaines salles n’étaient pas utilisées très souvent. J’ai donc pris contact, et je suis tombé sur des gens géniaux, tout à fait ouverts. «  Le DJ déniche ainsi le lieu qui lui permettra d’assouvir son envie de clubbing alternatif. L’institution Bozar trouve elle l’occasion d’attirer un public peut-être moins habituel. C’est ce qu’on appelle une opération win-win… l

www.bozar.be/bemf.

Texte Laurent Hoebrechts

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