Daddy K propose sur Radio Contact une nuit du R’n’B depuis New York, ce samedi. L’ancien DJ de Benny B est le pilier belge du milieu.

Il a l’attitude de son époque, Daddy K. Dans la bouche, il donne du « kiff » et du « tu vois? » à chaque phrase. Au poignet, une grosse montre en diam’s. Aux pieds, d’énormes baskets de cosmonaute. Aux oreilles, les stigmates de vieux piercings (il a 41 ans et deux mômes, quand même). Mais sur le dos, un t-shirt à message:  » Le rap, c’était mieux avant« . Vraiment?  » Quand NAS dit que le hip hop est mort, moi je pense surtout que c’est leur hip hop qui est mort. Une nouvelle génération a pris la relève. Elle mourra aussi. Et ainsi de suite. C’est comme ça. » Dans son iPod, il y a plein de morceaux hybrides, qui feraient hurler les puristes ( « mais des puristes, il n’y en a plus beaucoup », constate-t-il). Il adore le dernier Black Eyed Peas, Boom Boom Pow, bombe hip hop mâtinée d’Eurodance. « J’ai été l’un des premiers à oser ce mélange de rap et de dance. Avec Benny B, c’est ce qu’on faisait, et pour certains, c’était un sacrilège. Aujourd’hui, on ne prête pas attention aux mêmes choses, parce que tout va beaucoup plus vite. Un morceau est adulé deux semaines puis jeté. Même si actuellement il y a pas mal de trucs que je trouve moyens et vite faits, je sais que la musique ne se consomme plus de la même manière, et j’ai suivi son évolution pour rester au top. Je ne vais pas regretter la mort du CD, par exemple, même si ça m’a fait quelque chose d’assister à la fermeture du Virgin Megastore de Times Square. On a simplement changé d’époque. »

Son tout nouveau morceau, Pimper ton club, il ne le sort d’ailleurs qu’en téléchargement légal, pas en CD. Dedans, il rappe « Ici c’est bonnes vibes / on n’est pas en mode deuil! » Festif, quoi. Ni plus, ni moins. « Je ne compte pas faire d’album. Cette chanson, c’est juste un kiff. Juste une carte de visite quand je suis en boîte, comme mon single précédent. « 

« On n’est pas des clowns! »

Le refrain d’ Appelle-moi Daddy martelait « Aux platines, phénomène, fout le feu / quand je cut c’est criminel ». Pas faux. Résident au Carré (Willebroek), Daddy K, booké partout dans le monde, est l’un des seuls DJ hip hop à vivre de son art – quand KC travaille dans l’informatique et Maestro au GB. Star des deux côtés de la frontière linguistique, il est aussi juré dans la Nouvelle Star hip hop flamande sur TMF. Et puis, tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, il est en live sur Radio Contact pour la plus grande émission consacrée au rap et au R’n’B du paysage audiovisuel belge francophone, Contact R’n’B. Une sacrée visibilité pour lui, et un sacré risque pour une radio qui n’a pas grand-chose à gagner à imposer à son public popu un programme aussi segmentant (comprenez: qui risque de faire fuir la ménagère de moins de 50 ans). « Beaucoup de néophytes nous écoutent. Parce qu’avec Le « S » (son comparse, animateur radio rencontré sur radio Vibration, NdlR), on arrive à amener les choses de manière rigolote, pas prise de tête. Mais attention, on n’est pas des clowns, on sait de quoi on parle. On est hyper introduits dans le milieu, on ne retape pas des infos people piquées sur Internet, on est au c£ur des potins, ce sont les artistes eux-mêmes qui nous les donnent. On est copains avec tout le monde. » Tellement bien introduits que la radio Kiis-FM leur a laissé les clés pour enregistrer une spéciale cinq ans depuis leurs studios new-yorkais. Au menu, un best of des interviews réalisées ces six derniers mois, un carnet de voyage, des reportages dans des lieux mythiques de la Mecque du hip-hop… Et du son new-yorkais, du vrai. « Cette délocalisation, c’est surtout un symbole. Tout est né à New York. On a toujours été fans des Américains », exulte celui qui est né Alain Deproost et pour qui croquer la Grosse Pomme était un rêve de gosse. Il se vante désormais, l’£il brillant, d’y avoir « une petite réputation ».

u La nuit du R’n’B Made in New York, ce samedi 27/06 à partir de 22 h sur Radio Contact.u www.radiocontact.be

Myriam Leroy